Je vous raconte mon expérience de 3 nuits et 2 jours sur le St Augustine of Hippo, le ferry que j’ai pris au départ de Manille pour rallier l’île paradisiaque de Coron. Une solution alternative à l’avion si vous avez un peu de temps devant vous… Alors, on embarque ?
Les équipements sur le ferry
À l’heure où j’écris ces lignes, je suis confortablement installé dans le petit salon situé en face du front desk au rez-de-chaussée du bateau Saint Augustine of Hippo, le ferry de la société 2GO Travel. Tous les vendredis soir à 19 heures, et à raison d’une fois par semaine seulement, il quitte le quai 4 du North Harbour of Manila pour rallier Coron.
Une alternative économique au billet d’avion puisque le trajet, que j’ai réservé en ligne, ne me coûte que 1692 pesos avec plusieurs repas compris… À cela s’ajoute les Passenger terminal fee, d’un montant de 104, 50 pesos, au moment d’embarquer. J’ai réservé le ferry quelques jours en avance, et j’ai pu remarquer que tout était complet, la veille du départ, sur le site de 2GO Travel. Il existe deux classes dans le bateau : la Super Value Class, et la Tourist Class. L’une dispose de l’air conditionné et de couchettes un peu plus haut de gamme. Je ne le savais pas au moment de réserver et j’ai opté pour la Super Value Class, située à l’étage. Sur le site, je vois qu’il n’y a pourtant pas une grosse différence de prix entre les deux, 200 pesos seulement… Après avoir vu le confort des deux, je choisirais sans hésiter la Tourist Class si c’était à refaire !
Au rez-de-chaussée du St Augustine of Hippo, une petite supérette (ou Quickmarkt), un petit stand de glaces et cafés glacés nommé Coolblog, une salle de prière, le front desk (où sont présents plusieurs agents) et même une infirmerie encerclent le petit salon. La Tourist Class complète le tableau. La supérette propose plusieurs boissons dont des bières et des softs, des snacks et chips en tous genres ainsi que du café. Particularité aux Philippines, quand on commande un café, on te sert un sachet (ou dosette) et un gobelet. C’est à toi de te servir de la station d’eau chaude pour faire ton mélange. Cette dernière est également utilisée pour les nouilles instantanées, dont sont très friands les Philippins.
À noter que chaque étage dispose de toilettes et de douches, ainsi que d’un coin pour recharger son téléphone moyennant 5 pesos toutes les 10 minutes. Au premier étage, il y a les couchettes de la Super Value Class, donc, où sont présents la plupart des voyageurs ainsi qu’un restaurant. Plusieurs plats typiques sont proposés sous forme de buffet.
À l’étage supérieur, sur le pont, il y a une petite terrasse avec des tables et des chaises, un jukebox karaoké, une scène avec micro et enceintes où sont donnés des mini-concerts, un petit stand de restauration rapide avec du poulet frit, du riz, des nouilles asiatiques, etc.
Ma première nuit à bord
J’ai prévu large et me suis rendu sur le port d’embarcation dès 16 h 30. Dans son mail de confirmation, 2GO Travel demandait en effet d’être présent deux ou trois heures à l’avance sur le Pier 4. Et il y avait déjà foule à cette heure-ci. Après m’être acquitté du Passenger Terminal Fee, j’ai donc pu monter à bord de l’impressionnant ferry du nom de St Augustine of Hippo.
Le personnel m’indique que ma couchette se trouve à l’étage du dessus : malgré les numéros sur les lits, les passagers se posent un peu où ils veulent, du moment que la couchette est libre. Je vois que tout le monde se met du même côté et je comprends que l’autre est plus ou moins réservé au personnel de bord. Je trouve ainsi une place et y pose mes affaires. J’ai pris le soin de préparer un petit sac avec mes affaires importantes (passeport, portefeuille, téléphone, ordinateur portable, etc.) Il n’y a en effet pas de casier, et il faut souvent quitter ses sacs des yeux lorsqu’on se rend sur le pont, aux toilettes, à la douche, ou dans le petit salon du rez-de-chaussée.
À 18 heures, une annonce est faite au micro : c’est l’heure du repas, servi sur le pont. Je suis attablé en terrasse lorsque les premiers passagers montent au deuxième étage pour manger. Je suis l’un des premiers à être servi. La file d’attente grossit très vite, et les personnes arrivées une dizaine de minutes plus tard peinent à trouver une place. Au menu, du riz blanc, et un peu de poulet avec de la sauce aux champignons. La quantité est minime, mais appréciable, j’avale ça rapidement. Je laisse donc ma place pour regagner le petit salon du rez-de-chaussée.
Je sens que la nuit va être longue, mais j’ai heureusement prévu de la lecture et mon ordinateur portable pour pouvoir avancer sur mes articles. Mon smartphone affiche 4 % de batterie, je me sers donc du coin de rechargement où j’insère une pièce de 20 pesos… J’aurais dû lire attentivement les consignes inscrites sur l’appareil qui n’accepte que les pièces de 5 pesos. Bon, voilà 20 pesos disparus dans la nature. Chaque pièce permet de recharger son téléphone durant 10 minutes, et la puissance de l’appareil n’est pas optimale : il me faut environ une heure pour atteindre les 70 % de batterie. Ça suffira pour la nuit-matinée d’après, d’autant plus que nous n’avons du réseau que de façon épisodique. Le téléphone me sert donc essentiellement à écouter de la musique sur Deezer en mode avion… Et à envoyer un petit message à mes proches lorsque j’arrive à capter tant bien que mal une barre du réseau Smart (qui ne s’est pas encore déployé dans les eaux…)
Je finis par m’endormir vers 4 heures du matin… Une courte nuit de sommeil puisque la chaleur et la lumière du soleil me réveillent vers 8 heures. Mais le paysage qui s’offre à moi à mon réveil me fait immédiatement oublier la fatigue : la mer est magnifique et entourée de petites îles abandonnées, encore sauvages… Eh oui, rappelons tout de même que l’archipel des Philippines est composé de 7 000 îles.
Les sanitaires
Je décide de faire un brin de toilette et me dirige vers les douches du rez-de-chaussée : après avoir fait le tour des sanitaires la veille, il semblerait que ce soit à cet étage (non loin du front desk et de la Tourist Class) qu’ils soient les mieux entretenus. Contre une pièce d’identité, j’ai obtenu la veille au soir un drap et une taie d’oreiller. Je n’ai pas de serviette avec moi et choisis donc de me servir de cette dernière comme drap. Je la ferai sécher un peu plus tard sur le bateau. L’eau est froide, mais c’est très agréable avec la chaleur qui règne sur le bateau.
Concernant les toilettes, l’hygiène n’y est pas folle, et il vaut mieux faire sa grosse commission avant de prendre une douche. En effet, il n’y a pas de papier WC (comme souvent en Asie), mais pas de tuyau non plus pour se rincer. Un simple seau d’eau est mis à disposition… Vu le nombre de personnes qui ont dû l’utiliser avant moi, je me sers d’une grande bouteille d’eau pour me laver avant de filer à la douche !
Les affaires personnelles
À bord, il n’y a pas de casier et chacun laisse ses affaires personnelles sur ou à côté de son lit. J’ai pour ma part un gros sac à dos militaire, que j’ai fermé avec un cadenas, ainsi qu’un sachet de nourriture (je ne savais pas trop à quoi m’attendre et j’ai fait le plein chez 7 Eleven avant de partir). Je me promène avec un Ocean pack 15 kilos (que j’ai acheté lors de mon excursion pour voir les requins-baleines) où je mets toutes mes affaires de valeur de type passeport, portefeuille, chargeurs, etc. L’ordinateur portable reste quant à lui dans le sac militaire cadenassé quand je ne l’ai pas sur moi.
La supérette et le bar
La supérette du rez-de-chaussée offre donc de nombreux snacks de type chips, du café, de l’eau, des softs et des bières ; ainsi que des nouilles instantanées. Sur le pont, l’ambiance est plus festive : un petit bar du nom de Island Fiesta est installé. Bon, vous n’y trouverez pas de cocktails, mais également de la bière (San Miguel pilsen, San Miguel Light, et Red Horse). Ils y proposent également du café, des nouilles, mais également des plats chauds comme du poulet frit ou poisson avec riz, du poulet asado dans une espèce de pâte, appelé « Chopao ». Concernant les prix, ce n’est vraiment pas cher, il faut compter 30 pesos pour la dernière spécialité, 100 pesos pour une bière accompagnée d’un petit snack ( sachet de cacahuètes ou de chips)… Le café est quant à lui à 50 pesos. J’en commande un le premier jour et me sers ensuite du gobelet pour utiliser les dosettes que j’ai achetées à Manille.
Bières avec vue
Me voilà comme neuf après une bonne douche. Le programme de l’après-midi est tout trouvé : je vais profiter du pont pour parfaire mon bronzage avec un bon bouquin à la main et de la musique dans les oreilles. Je profite du soleil et de mon livre pendant deux bonnes heures avant que le manque de sommeil ne rattrape et que je m’endorme… ça tape fort à mon réveil et je crois que j’ai chopé quelques coups de soleil. Il est l’heure pour moi de me poser à l’ombre, à un endroit on ne peut plus stratégique, celui du bar !
Je commande une San Miguel tout en observant les gens arriver pour le karaoké du samedi après-midi.
La veille, il a battu son plein jusqu’à minuit environ : les Philippins adorent chanter, et j’ai pu observer de multiples bars proposer des karaokés lors de mes étapes précédentes.
À côté de moi, un groupe d’une dizaine de Philippins trinque gaiement. L’un d’eux se retourne vers moi : « Cheers, sir ! » et engage la conversation. Il s’agit en fait d’un groupe de jeunes policiers qui se rendent pour quelques jours à Puerto Princessa. D’autres se joignent encore à eux et Riynan, qui parle très bien anglais, me dit qu’ils sont en fait une vingtaine à faire le déplacement. Nous sympathisons et buvons quelques bières ensemble. Il me pose des questions pertinentes sur mon ressenti sur son pays, ainsi que sur l’accueil des locaux. « Nous autres les Philippins aimons les visiteurs étrangers, nous tentons de leur réserver le meilleur accueil possible. Tu sais, nous sommes un peuple très religieux, et cela joue énormément sur notre comportement envers les autres, me confie-t-il. Mais avec vingt policiers, tu es ici en sécurité ! Et si tu as le moindre souci durant ton séjour, tu as maintenant des amis vers qui te tourner ! »
Nous prenons plusieurs photos et échangeons nos comptes Facebook avec quelques-uns d’entre eux. Nous passons une bonne soirée, à boire des bières, écouter les prétendants au challenge karaoké du soir se succéder et échanger sur nos cultures respectives. À 22 heures, tous vont se coucher : leur réveil va piquer, à 1 heure du matin (le bateau fait escale à 2 heures pour Puerto Princessa, où une bonne partie des personnes présentes sur le bateau finissent leur trajet). L’escale dure environ trois heures et je somnole durant toute cette étape…
Je retourne pour ma part dans le petit salon, recharger à nouveau mon téléphone qui s’est cette fois-ci éteint. Assis dans l’un des confortables fauteuils au milieu de Philippins, je regarde avec eux une émission sur le trafic de chiens tout en buvant une dernière bière. Je ne comprends pas, car c’est en grande partie en Philippin (parfois an anglais lorsque des personnes sont interviewées), mais apparemment, le trafic de chiens est un véritable fléau sur l’île et la police traque les restaurateurs qui utilisent cette viande (à moindre coût…). Mon amie, amoureuse des chiens (elle a dû nourrir la moitié des Philippines lors de sa semaine sur place) se posait la question devant le nombre impressionnant de canidés qui courent les rues… Nous en avons parfois vu enchaînés ou en cage… J’espère ne pas avoir fait la mauvaise expérience d’en manger à mon insu durant mon séjour. Bon, je ne le saurai jamais !
Aux toilettes, alors que je me brosse les dents, je fais la connaissance d’un Philippin qui voyage avec sa femme et leur bébé. C’est un habitué de ce voyage en ferry. Il m’annonce que nous sommes dans les temps, et qu’il arrive occasionnellement que le ferry (pas celui-là, mais un autre, encore plus gros) arrive en retard à sa destination finale.
Mon téléphone affichant péniblement 57% de batterie après une heure de charge, il est l’heure pour moi de rejoindre ma couchette. La lumière est toujours allumée (elle le sera toute la nuit), mais je ne peine pas à m’endormir, les bières n’y étant très certainement pas étrangères. Je suis réveillé par l’annonce au micro de l’escale à Puerto Pricnessa un peu après une heure du matin. Je fais tout de même l’effort de me lever pour prendre une photo (voir ci-dessous) du port, de nuit. Nous voilà à Palawan…
Dernière journée et arrivée à Coron
En ce dimanche, je dors jusqu’à 8 h 30 du matin. Ça fait un bien fou. À mon réveil, je constate que de si, bon nombre de voyageurs sont descendus, au moins autant ont embarqué pour la dernière étape de Puerto Princessa à Coron.
Je monte sur le pont pour faire le plein de vitamines après la soirée arrosée de la veille. Je commande un café, un jus d’ananas, et un Chopa chiken asado. Ma connexion est un peu meilleure à Palawan, mais toujours pas assez puissante pour réussir à prendre mon billet retour de Puerto Princessa à Manille. J’envoie quelques messages à mon amie qui me prend le billet depuis Metz. Il me coûte 42 euros, pour 1 h 30 de trajet… contre deux jours de voyage en ferry (rires, NDLR).
Nous finissons par arriver à 23 heures, l’heure prévue, sur le port de Coron. Je décide d’activer mon GPS pour me rendre à l’hôtel et me dégourdir un peu les jambes. Et ce, malgré les nombreuses sollicitations des tricycles. 45 minutes de marche avec mon sac de 10 kg sur le dos, ce sera mon workout du soir. J’arrive à l’hôtel quelque peu épuisé et ne fait pas long feu. J’ai bien l’intention de visiter cette île paradisiaque tôt le lendemain matin !
Mon avis sur cette expérience
Je ne regrette pas cette aventure atypique, et très enrichissante… La sensation de naviguer, au milieu de nulle part, à l’autre bout du monde me séduit totalement. J’espère que mon expérience, mes chers padawans (j’étais obligé de faire cette vanne au moins une fois à Palawan) vous servira et vous donnera un aperçu de ce trajet dont on lit tout et son contraire sur le net. Si vous avez un peu de temps devant vous, et que vous aimez le bateau, n’hésitez pas, c’est une belle aventure à vivre au moins une fois. Par contre, si votre timing est plus serré, je vous conseille d’opter pour un vol domestique… Et de vous y prendre un peu à l’avance pour ne pas avoir à payer plusieurs centaines d’euros !