Si Manille peut faire peur par sa densité de population, sa pauvreté et ses difficultés de circulation, il serait tout de même dommage de passer à côté d’une visite de cette capitale pleine de contrastes. Entre Intramuros, témoin du riche passé colonial philippin, et le plus ancien Chinatown du monde, voici les lieux à ne pas rater !
Une des villes les plus densément peuplées au monde
La capitale des Philippines, Manille (ou Manila), peut faire peur de prime abord. Le taux de chômage élevé et la pauvreté qui y règne se ressentent dès les premiers pas dans cette ville située sur la côte ouest de l’île de Luzon. Cette dernière figure parmi les villes les plus densément peuplées du monde. Il existe une énorme disparité entre les différents quartiers de cette ville où l’on peut retrouver d’énormes buildings tout comme des bidonvilles (où 40 % des habitants vivent).
On peut vraiment dire que Manille fourmille de monde avec ses 1,6 million d’habitants… 12 millions si l’on prend en compte toute l’aire urbaine (Metro Manila). Si bien que la mendicité y est très présente, que l’on peut y observer de nombreux enfants quémander toute la journée. Le transport y est en outre très difficile et il faut parfois plusieurs heures pour se rendre d’une extrémité de la ville à l’autre. Pollution prostitution et arnaques en tous genres viennent compléter ce tableau peu reluisant. On peut ainsi lire dans de nombreux guides touristiques et sites de voyages que la capitale des Philippines est à éviter absolument. C’est, à mon sens, totalement faux.
Certes, son décor tranche avec la beauté paradisiaque des paysages que l’on peur retrouver dans l’archipel des Philippines ; mais Manille mérite d’être visitée pour mieux comprendre le mode de vie des Philippins dans les grandes villes (comme Cebu). Visiter Manille, c’est également apprendre sur son passé colonial et en apprendre sur l’Histoire des figures qui ont marqué le pays et son indépendance ( à l’instar du docteur José Rizal). Le quartier Intramuros dispose notamment de nombreuses richesses, tout comme Chinatown ( le plus vieux Chinatown au monde). Il serait également dommage de ne pas goûter à la street-food de la capitale, dont les nombreux commerçants revisitent dans leurs stands les nombreuses spécialités de l’archipel.
Son aéroport international (Ninoy Aquino International Airport) est un passage obligé pour tout voyageur qui arrive aux Philippines et il serait donc dommage de ne pas profiter d’une ou deux journées pour visiter Manille. Je vous emmène dans les endroits à voir absolument lors de votre visite de cette capitale pleine de contrastes…
Le fort Santiago, témoin du passé colonial
Le fort Santiago porte le nom de l’apôtre devenu Saint Patron des Espagnols. Situé dans le nord-ouest du quartier Intramuros (témoin du passé colonial hispanique de la ville), le début de sa construction date de 1571. On la doit au conquistador espagnol Miguel Lopez de Legazpi. Elle a duré 15 ans, puis le site a connu de multiples rebondissements… De nombreuses personnes y ont notamment été emprisonnées, à l’instar du héros national philippin José Rizal. Des traces de pas de son ultime trajet, de sa cellule jusqu’au lieu où il fut exécuté (lire ci-après le point sur le parc Rizal) y sont notamment visibles. Outre la période coloniale, le site a également connu bon nombre d’emprisonnements durant la Seconde Guerre mondiale.
Construit sur l’ancien palais du chef des musulmans philippins Rajah Sulayman (dont les fortifications sont toujours visibles), le fort Santiago a longtemps figuré comme la première forteresse du gouvernement espagnol aux Philippines. Mais aussi comme un centre névralgique du commerce d’épices des colonies vers l’Espagne. La première version du fort a été détruite lors de l’invasion de pirates chinois… Une fois ces derniers maîtrisés et repoussés hors du pays par les Espagnols, le fort Santiago a été reconstruit de manière plus solide, à l’aide de pierres volcaniques provenant de l’archipel (du côté de Makati), et ce, en 1590. Le site est à nouveau détruit en 1645, mais cette fois-ci par un tremblement de terre. Il est restauré par les Espagnols de 1658 à 1663. Il tombe ensuite sous le joug britannique (1762 à 1764), et sert de quartier général. Puis, il devient un centre de commandement américain lors de leur conquête de la ville quelques années plus tard (1778).
Le fort Santiago devient une prison lors de la Seconde Guerre mondiale et la domination japonaise de la ville. On peut retrouver les traces des nombreux actes de torture et d’exécution qui y sont alors perpétrés. Notamment à l’encontre d’opposants philippins. Ce sont ensuite les Américains qui reprennent possession du site, fortement endommagé par les combats qui y ont fait rage (lors de la libération)… Il servira de dépôt quelques années avant de devenir un sanctuaire sous le gouvernement philippin (à partir de 1946).
La visite du site s’effectue en deux à trois heures, et peut même durer un peu plus longtemps si l’on s’attarde dans les cafés et restaurants… De la musique espagnole, rappelant l’époque coloniale, y résonne et on se prend à flâner dans les agréables jardins menant à un petit étang, et à la porte principale. L’endroit idéal pour prendre une photo avant de continuer son chemin, et de se retrouver face à la statue de José Rizal.
À quelques pas de là demeure le bâtiment où il fut incarcéré juste avant d’être exécuté. Il est aujourd’hui transformé en musée (nommé Shrine of Jose Rizal) qui retrace son parcours, de sa cellule à la salle du tribunal. Divers objets et reliques concernant le héros national et sa famille y sont exposés. Les anciennes fortifications du palais de Rajah Sulayman, une petite chapelle, ainsi qu’une caserne espagnole datant du XVIIIe siècle complètent le site. De nombreux Américains et Philippins furent emprisonnés dans cette dernière, et il est également possible de se rendre dans les anciens cachots. Des photos et une reconstitution des abominables conditions de détentions des prisonniers y sont présentes. Lors de la libération, les corps de 600 philippins y ont été retrouvés. Une stèle en leur honneur a été érigée à l’extérieur.
Mon avis : C’est le site incontournable lors de toute visite de Manille. On en apprend énormément sur son passé colonial et il est vraiment agréable de se balader dans les différents jardins, se poser en terrasse pour un boire un verre tout en écoutant de la musique espagnole. J’ai littéralement été plongé en pleine époque coloniale en visitant ce site. On peut observer les nombreux canons mis en place par les Espagnols, le long des remparts… Et on peut aisément imaginer les nombreuses batailles, notamment contre les pirates chinois, qui ont fait rage sur le site. À l’extérieur, les nombreuses calèches viennent renforcer ce sentiment. Le site est également très instructif et témoigne des nombreuses atrocités perpétrées durant la Seconde Guerre mondiale. Je suis notamment ressorti du « donjon » (les cachots) avec une certaine émotion. De nombreux sites d’intérêts composent le quartier historique dit Intramuros… Je vous conseille de le visiter à pied, et de prendre le temps de vous arrêter au gré de vos envies !
Informations utiles :
- Adresse : rue Santa Clara, 1002, Manille
- Horaires : ouvert du mardi au dimanche de 8 heures à 18 heures
- Tarif : 50 pesos philippins l’entrée
Assister à une messe au sein de la cathédrale de Manille
Je me suis rendu à la messe de 12 h 30 qui a lieu tous les jours à la cathédrale de Manille. Arrivé à 11 h 30, j’ai pris le temps de faire le tour des lieux et aussi de passer à la boutique qui propose de nombreux souvenirs. J’ai craqué pour quelques bracelets. Peu avant la messe, une personne travaillant dans la cathédrale demande aux touristes de sortir de la zone de prière et ferme la zone. J’ai demandé si je pouvais assister à la messe (ouverte à tous), et il m’a tout d’abord répondu que oui, mais à l’extérieur des barrières de sécurité. J’ai demandé si je pouvais assister à la messe et prier avec les personnes y participant. Il me demande alors si je suis catholique et aperçoit la croix que je porte autour de mon cou. Il accepte alors de me laisser passer et me demande de prendre place sur l’une des chaises. Il faut rappeler que l’archipel des Philippines est le seul pays catholique d’Asie et, à tous les endroits où je suis passé, j’ai été stupéfait de la foi des habitants, et de la ferveur qui existe autour de la religion. La cathédrale s’est remplie quelques minutes avant le début de la messe… J’ai donc eu la chance d’y participer également : j’ai passé un très bon moment, et il était facile de suivre le déroulé, car des écrans qui retransmettent par écrit les textes des différentes prières et des chants (pour la plupart en anglais) sont disposés toutes 10 rangées. Les chants philippins étaient tout à fait sublimes…
La cathédrale de Manille, située dans le quartier Intramuros, a été érigée en 1581 (peu après la construction de la ville). Elle a été détruite puis reconstruite à de nombreuses reprises, par des combats, des typhons, incendies et tremblements de terre… La septième et dernière fois remonte à 1951, après sa destruction durant la Seconde Guerre mondiale. Elle est dédiée à l’Immaculée Conception et de nombreuses statues de Saints composent sa façade néo-romane. Son imposante porte en bronze retrace quant à elle les épisodes de son histoire, dont l’effondrement de la toute première bâtisse en 1600.
L’allée centrale mène à un autel en bronze, comprenant une statue de Notre-Dame de l’Immaculée Conception. Plus d’une centaine de magnifiques vitraux de couleur composent le lieu, ainsi qu’un orgue à 4600 tuyaux ; l’un des plus grands de l’Extrême-Orient. De nombreux autels sont en marbre au sein de la cathédrale, le sol est quant à lui en pierre…
Informations utiles
- Adresse : Cabildo Street, 1002 Manille, Philippines.
- Horaires : Ouvert du mardi au samedi de 8 h 30 à 16 heures, et le dimanche de 8 h 30 à 13 h 30.
Le Rizal Park, l’un des plus grands d’Asie
Rizal Park est considéré comme l’un des plus grands parcs d’Asie. Il s’étend sur 58 ha à proximité du quartier Intramuros et donne sur la baie de Manille. Son cadre est tellement agréable que l’on pourrait presque oublier son passé sanglant… De nombreux opposants philippins y ont jadis été exécutés, dont le héros national, le docteur José Rizal, à l’origine du mouvement d’indépendance des Philippines. Plusieurs édifices en son honneur y ont été érigés, dont une représentation de la scène de sa mort, à l’endroit précis où il fut tué le 30 décembre 1896. Le parc, appelé Bagumbayan (petite lune) ou Luneta, fut alors rebaptisé en son honneur. L’histoire de ce parc démarre à l’époque de la colonisation espagnole, dans une zone prévue pour contrer les attaques des nationalistes philippins, à quelques mètres des fortifications d’Intramuros (qui accueillait l’ensemble des activités économiques, politiques, et sociales).
Aujourd’hui, le monument José Rizal est l’un des symboles du pays : on le retrouve même sur les billets de banque et les plaques d’immatriculation des véhicules. Sa statue en bronze est entourée de celle sa mère et de son père. Ces deux dernières revêtent deux symboles : celui de la naissance et de l’espoir pour celle de sa mère ( à gauche de la sienne) et de la croissance et de la persévérance pour celle de son père ( à droite). Elles sont érigées sur une base en granit et un obélisque (la statue a été construite en Suisse au début du 20e siècle). Un drapeau philippin flottant à une trentaine de mètres vient compléter le tableau. Il représente l’indépendance du pays datant du 4 juillet 1946. Un mémorial consacré à la vie et à la mort de José Rizal est situé à quelques pas de là. On peut notamment y voir une représentation de son exécution, ainsi que son poème d’adieu (inscrit sur une plaque en différentes langues). Ainsi qu’un spectacle de sons et lumières qui a lieu les soirs d’été aux alentours de 20 heures.
Une seconde statue d’un homme important pour le pays est présente au sein du parc : il s’agit de celle de Lapu-Lapu, le héros qui a empêché la première invasion espagnole en 1521 (lors de la bataille de Mactan, très célèbre dans l’Histoire philippine).
Au fil de la journée, outre les familles philippines et les badauds, on peut y croiser des pratiquants de taï-chi, des danseurs, joueurs d’échecs, ou encore des joggeurs. De nombreux écoliers viennent également effectuer des sorties scolaires et des cours de sport au sein du parc.
Il faut dire que de nombreux jardins composent ce lieu qui s’étend sur 58 ha. On retrouve notamment un jardin japonais avec bassins et torii (portes), ainsi qu’un jardin chinois où trône la statue de Confucius et de nombreuses phrases philosophiques amenant poussant à la réflexion et au développement personnel. J’avoue avoir passé un bon moment à toutes les lire et à prendre le temps de réfléchir aux sujets qu’elles évoquent.
Dans l’étang artificiel du parc, on retrouve une carte géante de l’archipel des Philippines, composé, il faut le rappeler, de plus de 7000 îles. Plusieurs musées composent également le parc Rizal, à savoir le musée des Beaux-Arts, le musée d’Histoire, ainsi que le musée ethnographique.
Je vous conseille donc de prévoir une demi-journée entière pour prendre le temps de flâner dans le parc et ses différents jardins, de vous rendre dans un ou plusieurs musées, et de visiter les incontournables, à savoir le monument Rizal et son mémorial. J’ai eu la chance d’observer le coucher de soleil sur la baie de Manille depuis le site… Un moment magique !
Informations utiles
- Adresse : Ermita Manila, 1000 Grand Manille.
- Horaires : de 5 heures à 20 heures tous les jours (fermé entre 10 heures et 11 heures).
- Entrée : gratuite.
Mille et une saveurs dans le plus ancien Chinatown au monde
Créé en 1594, Binondo est le plus ancien Chinatown du monde. Il est situé en face de la rivière Pasig du quartier Intramuros et dispose donc d’une situation géographique idéale. Principalement peuplé par des Chinois vivant aux Philippines, Binondo est un quartier composé de nombreux centres commerciaux (dont le réputé Lucky Chinatown Mall) et marchés. Un endroit coloré, aux mille odeurs, grouillant constamment de monde. On y trouve de tout et à des prix défiants toute concurrence.
Attention, quand on est touriste, il faut souvent négocier les prix ; et les stands et magasins des centres commerciaux proposent de nombreuses contrefaçons de marques de luxe… Qu’il s’agisse de sacs de couturiers, de montres de marque, ou encore de sneakers. J’ai apprécié me perdre quelques heures dans ce quartier (où je logeais, je vous donne l’adresse dans le dernier point), faire un peu de shopping (j’ai acheté plusieurs maillots de NBA) et goûter à la street-food locale. J’ai également pu visiter la magnifique église de Binondo, également connue sous le nom de Minor Basilica of Saint Lorenzo Ruiz, fondée par un prêtre dominicain en 1596. Une place bien connue des Chinois convertis au christianisme… Seules la tour et l’horloge ont résisté au temps et aux désastres naturels et datent du 16e siècle.
L’entrée à Binondo se fait par une gigantesque porte, la Filipino-Chinese Friendship Arch, la plus grande des arches des Chinatown au monde (19,5 mètres de haut sur 22, 5 mètres de large). On trouve également de plusieurs temples, et des restaurants chinois très réputés dans ce quartier très animé.