En voilà une question qu’elle est bonne ! Le mot d’ordre, c’est l’anticipation. Il faut s’y prendre à l’avance et se faire une petite liste pour ne rien oublier… d’important. Un bon moyen est de se visualiser sur place, que fais-je en arrivant, de quoi aurai-je besoin, à quels moments de la journée.
Le lieu
Savoir où vous irez est déterminant. Cela conditionnera votre moyen de transport et recentrera un peu vos recherches météo. Parfois on se dit « on verra » et on prend le train pour un massif de montagne et… on regrette rapidement car il fait pluie-soleil toute la journée et être mouillé sans pouvoir jamais sécher… ouille ! Si vous débutez, évitez la montagne car le dénivelé y est important, la météo changeante, l’orientation pas toujours évidente. Par contre, la vue est souvent bien dégagée donc pour une randonnée à la journée c’est superbe, surtout pour s’entraîner à la carte & boussole.
Le mode de déplacement
Dans la pratique du bushcraft il existe deux écoles. Le camp fixe et l’itinérance. Dans le premier cas, on marchera peu et on se chargera plus car on vient pour visiter un lieu unique. On y dort, on y mange, donc pas la peine de trop restreindre votre confort. Dans le second cas, on veut suivre un chemin précis ou visiter plusieurs lieux d’affilée. On va donc se déplacer pas mal, il faudra porter léger pour que ça reste agréable et ne pas « en scier » comme disent les bûcherons. Dans l’itinérance du bushcraft on arrive à la croisée des chemins avec la randonnée ou le trekking (plusieurs jours). Là, toutes les astuces de ce milieu sont bonnes à prendre (sacs légers, matériel light plus cher mais peu lourd). Par exemple pour moi en camp fixe je prendrais ma hachette et un couteau croche avec ma scie pliante. En itinérance seulement ma scie pliante par soucis de poids.
La durée
Ce critère est vital car de lui découlera l’emport en nourriture et en matériel accessoire. Comment ? Et bien pour la nourriture c’est logique, si on part 3 jours en autonomie, il faut 4j de nourriture (prudence est mère de bushcraft !). Mais surtout, passé 2j si on limite son emport parce qu’on est malin (1 seul T-shirt, 1 seul sous-vêtement…) il faudra de quoi laver les vêtements et le randonneur, une ficelle pour tendre le linge (mais pas le randonneur). Ma petite astuce si on part plus de 4j est soit si on arrive en voiture d’aller déposer un colis de nourriture sur le chemin (enterré ou chez l’habitant), soit si on vient en train de l’envoyer par la poste chez l’habitant ou à la mairie, au presbytère. Ainsi après 4-5j de trek, je trouverais mon colis au chaud et au lieu d’avoir 10 kg de nourriture, je n’aurais porté que 5kg. De même, prévoir large au niveau des pastilles de purification, même si on a le dernier cri Nimbus-Water-2000 des filtres à eaux, peu importe la durée. L’important au début est de ne pas surestimer vos capacités, 2 jours quand on débute, c’est long s’il pleut non-stop. 3 jours en plein mois d’août, c’est court s’il fait beau…
Les activités
Sur un camp fixe cette question est vitale, savoir ce que j’y ferais à l’avance permet d’une part de pouvoir rationaliser les apprentissages que je souhaite acquérir par la pratique ; d’autre part cela facilitera la confection du sac à dos car me donnera plus de recul sur tout le matériel à y faire rentrer. Faire des torches, bosser ses champignons ou ses plantes (livre à prendre), faire un étui en cuir (outils). Il est vrai que si on y réfléchit pas, qu’on emmène rien pour s’occuper, quand on débute le bushcraft on se retrouve à beaucoup marcher le samedi après-midi, se poser tard de peur de s’ennuyer, puis le temps de faire le feu et la popote on mange à 23h30, on se couche à 1h, on se lève à 7h mal reposé et… on fait son sac et on part ! Quel dommage, il reste tout le dimanche pour s’amuser ! Cela s’anticipe donc. Pourquoi pas tenir un petit carnet ou un tableau pour varier les apprentissages à chaque sortie (un bivouac nœuds, un bivouac couteau…).
Trouver le bon coin
Nous y voilà, le sac sur les épaules, dans la nature sauvage et inextricable au beau milieu de rien… Mais où se poser pour la nuit ? Deux choix s’offrent à vous, selon votre degré de paranoïa ou comme j’aime à le dire, d’organisation. Partir à la fraîche en se disant qu’on verra bien ; ou repérer via carte-satellite les zones potentielles de bivouac, en fonction de votre vitesse de marche, du dénivelé, de la météo. Pour moi qui dors en hamac, je suis plutôt méthode 2 en itinérance pour éviter les surprises. Si vous dormez en tente avec tapis de sol, les deux méthodes fonctionnent. Sur un camp fixe, il suffira de savoir où l’on va pour savoir si le lieu se prête à vos habitudes.
Une fois le lieu du bivouac estimé (à l’avance ou le soir même) toute une série de questions doit se poser. Le débutant pourra les écrire et les lire à haute voix en criant CHECK ! Le vieux baroudeur regardera le lieu et saura aussitôt s’il correspond à son expérience. Pour bien dormir il faudra choisir un lieu à l’abri des éléments, des animaux et parfois, des humains. Contre les éléments on évitera par exemple de se poser en plein milieu de rien (comme dans les pubs) donc en plein vent en bord de falaise… le sommeil sera sporadique, l’abri fera des bonds à 50cm de votre visage. On évitera de se poser dans une pente, parce que si des objets tombent d’en haut, ça peut être pour vous ; ou tout bêtement s’il pleut votre couchage pourrait être immergé, sauf à creuser des rigoles quasi-perpendiculaires à la pente. Comme on évitera de se poser dans une cuvette (la pluie formerait une piscine) ou une zone trop humide (moustiques, vie nocturne). On évitera de se mettre sous les arbres si on a pas l’habitude, parce qu’une branche peut toujours vous tomber dessus. Avec l’expérience, vous reconnaîtrez les bonnes branches et vous pourrez alors dégommer les fragiles qui tomberaient sur vous avant vous installer ; hop du bois sec pour le feu !
Contre les animaux, la prudence règne. Si vous campez au Canada bien sûr, le challenge augmentera d’autant. En France, pas vraiment d’ours et de loups, donc on prendra juste soin de ne pas se trouver sur une sente fréquentée. Pas trop pour le danger, mais pour le dérangement que nous causerions aux animaux mais aussi pour celui qu’ils nous occasionneraient. Qui n’a jamais dormi au sol sans abri avec un hérisson marchant à 1m de sa tête endormie ne peut pas comprendre la frayeur que cela occasionne (sauf Jacob, qui cette nuit là n’a rien entendu et dormait comme un seigneur #Guerlédan). Cette impression de mini-godzilla ou de sanglier qui vous charge alors qu’en fait… De façon plus sérieuse, être au sol sur une sente de cerfs c’est prendre le risque que l’animal ne vous voit pas, et ça court quand même la nuit les cerfs. Se réveiller in extremis en entendant un galop qui se rapproche de vous en n’ayant comme seule issue de hurler dans la seconde pour éviter le pire, au réveil ça calme (c’est du vécu).
Concernant la protection contre les humains, cela se traduit à plusieurs niveaux. Si vous êtes proche d’une route, dormir au bord d’un parking est dangereux pour beaucoup de raisons : proximité des voitures, possibilité de fêtards qui boivent un coup près de vous ou viennent vous voir (gentiment ou non). Pour ceux qui dorment malgré les recommandations légales, là où il n’ont pas le droit, se protéger d’un propriétaire mécontent ou d’un agent assermenté fait la différence entre bon et mauvais bivouac.
Légal ou pas le bivouac ?
Sachez toutefois, qu’à ce sujet, je ne saurai vous recommander que la prudence. On peut très bien trouver un coin sympa avec accord du propriétaire (public ou privé) en prenant le temps de chercher. Cela vous délivrera du stress d’être pris sur le vif et vous permettra de vous promener plus loin, plus complètement (arrêt, observation, travaux bruyants). Vivre caché, silencieux et dans le stress (stealth camping) n’est pas selon moi une bonne façon de profiter de la nature. Si vous ne trouvez pas de lieux et désespérez, rappelez vous que les pays scandinaves disposent d’un droit ancestral de libre accès à la nature. Pour 50€ des cars relient les grandes villes européennes entre elles en quelques heures… Beaucoup de personnes parlent anglais dans ces pays, suffisamment pour faire un peu de stop et être amené au bord du lac flüke-flüke, qui vous offrira 15j de plaisirs natures sans soucis de législation (il y a quand même quelques conditions, notamment d’éloignement avec les maisons).
En France, la loi ne reconnaît que le camping encadré comme réellement existant. Ce qui sort d’un terrain de camping est qualifié de « camping sauvage » et relève malheureusement souvent de l’appréciation de l’agent qui constatera votre présence. Légalement, le camping sauvage est autorisé partout où il n’est pas interdit. Cela étant dit, nous avons dit peu. Les dispositions se trouvent aux articles R. 111-32 -33 et -34 du code de l’urbanisme. En gros, si le terrain est public (forêt domaniale par exemple) dans la majorité des cas que j’ai connus, le maire l’interdit. Sur terrain privé, c’est interdit sans l’accord du propriétaire (et quand on n’en connaît pas, cela peut décourager il est vrai). Des amendes de 1ère à 5ème catégories attendront les resquilleurs, le montant étant aggravé en cas de : dépôt de déchets, atteinte à la flore, feux, dégradation de clôture pour entrer.
Quant à la pratique du bivouac, elle est souvent mal expliquée par le bouche-à-oreille. Le bivouac (du coucher au lever du soleil) légalement n’existe pas, dire qu’il est autorisé est un non-sens juridique. Il n’est pas interdit car aucune loi n’en parle. Par opposition au camping sauvage qui serait le fait de camper hors d’un camping (on suppose donc une certaine durée et avec une certaine quantité de matériel), la tolérance liée au bivouac dépend d’une part de l’agent qui vous trouvera. D’autre part, si vous êtes sur un lieu connu pour la randonnée (GR…) on se doutera bien que vous n’êtes là que pour une nuit et cela pourrait accroître cette tolérance. Ce qui gêne le plus, je pense, dans le camping sauvage, c’est le fait de squatter longuement un lieu et de le dégrader. Or en une nuit, on ne peut pas abîmer grand-chose et de là est née cet esprit de tolérance, mais qu’il ne faut pas prendre pour acquis. J’ai entendu davantage d’avis favorables (« l’agent m’a dit avec gentillesse d’être parti au réveil ») que défavorables (« les gendarmes m’ont embarqué au poste, j’ai été déferré au parquet avec interdiction de port d’armes »). Mais cela n’est pas une raison pour tenter le diable. Renseignez-vous en France, certains parcs autorisent explicitement le bivouac sous certaines conditions !
Le matériel
Je ne crois pas qu’il faille à ce point là stresser sur du matériel outdoor dans le bushcraft. L’esprit serait plutôt de fabriquer ce dont on a besoin, même si on ne va pas se faire une veste en peau de castor en plein bivouac non plus. Il faut du bon matériel assurément pour ne pas entrer dans la survie trop rapidement ; mais surtout, il faut du matériel adapté. Si vous dormez à la fraîche, un sac de couchage en duvet prendra l’humidité et vous ne dormirez pas, ou si le sac fait 10°c en plein hiver, même combat. Ou si vous campez en automne avec un poncho au lieu d’une tarp, parce que dans une vidéo vous avez vu… pourquoi pas, mais s’il pleut pendant tout le week-end, voulez-vous vraiment n’avoir que 2mX1,5m comme zone de vie ? Et une fois le camp monté, adieu le poncho.
La pire chose avec le matériel, c’est de vouloir faire comme on a vu, de ne pas respecter ses besoins vitaux et ses connaissances. Le mot d’ordre est la sé-cu-ri-té. Même si vous êtes désireux de partir entre amis pour vous tester, dormir sans rien par exemple, prenez une bâche dans un sac, parce qu’être attaqué par une pluie vorace à 1h du matin avec un abri de fougères… vous ne dormirez pas et pire, en statique entre le froid et la convection (vent) vous tomberez malade. Il n’y a pas de honte à bâcher un abri-survie car le but est de s’amuser, de s’entraîner, mais aussi de rester vivant.
Commençons par étudier de façon irrespectueuse (car rapide) la Pyramide de Maslow qui en résumé dit que nous avons besoin de : nous vêtir, boire, manger, dormir, nous soigner.
Les vêtements
Pour nous vêtir (protection personnelle contre l’environnement, dans la règle de 3 de Ron Hood), des vêtements adaptés au climat et vos déplacements. En hiver, on prêtera une attention particulière à la technique de l’oignon, vitale. En été, on prendra du matériel qui sèche vite car on va transpirer donc souvent laver nos habits. Prévoir au moins un t-shirt / un sous-vêtement / une paire de chaussettes de rechange pour pouvoir alterner port et nettoyage est un minimum bush-syndical. Vigilance sur les chaussures, c’est par là que tout commence et tout finit.
Stocker son eau
Concernant la partie alimentaire, boire implique un processus cyclique. Il faut pouvoir restaurer les gourdes que l’on vide (environ 3L par jour en extérieur + 2L cuisson/vaisselle/dents). Soit on a un philtre mécanique soit une méthode de filtration efficace (avec purification), soit les petites pilules bl… les pastilles chimiques pardon. Je préconise à mes stagiaires de toujours partir avec 2L de contenance (pourquoi pas 2x1L). Étant grand et costaud j’ai pris une gourde inox 2L directement, mais il faut l’assumer derrière, c’est gros et lourd. L’idéal serait une gourde 1,5L dans le sac pour le soir et une 1L hors-sac pour la journée. La petite astuce est d’avoir sa gourde journée toujours pleine, et dans le sac une gourde pliable que l’on remplit juste avant de s’arrêter. Ainsi on ne porte pas 3kg pour rien.
Puis manger !
Au niveau solide, ne pas se dire qu’on est super-warrior et qu’on trouvera à manger sur place. Déjà, la nature française n’est plus vraiment aussi généreuse que dans le temps (baisse des espèces et augmentation du nombre de marcheurs) mais aussi, votre connaissance théorique est sûrement plus grande que votre connaissance pratique. On pense donc à emporter au moins une quantité de féculent pour chaque repas (4 par jour, 8 si vous êtes un hobbit). La viande-à-chaque-repas est en option. Personnellement moi je le fais mais en petite quantité (sauf pêche ou piégeage hors France) ; toutefois, un repas viandard sur deux ne vous affaiblira pas et diminuera votre emport. Pour cela, il est nécessaire de bien connaître votre consommation. Pour les jeunes qui ne cuisinent pas trop chez eux voilà une bonne occasion d’apprendre à mesurer un peu tout ça.
Mon astuce c’est de tabler sur 125g de féculent par repas (le PNNS recommande que les féculents représentent 50% de calories du repas) et à côté je mange donc 125g d’entrée + viande. Chaque jour, je vide mon sac de 800gr, cela fait plaisir. Les petits mangeurs partiront sur 100gr de féculent. La diététicienne qui m’aide à préparer mes expéditions ne serait pas contente si je ne bouclais pas ce paragraphe en disant « équilibrez votre alimentation, variez les féculents, les légumes, les viandes, augmentez les quantités en hiver et diminuez les en été, préférez manger des fruits plutôt que du soda ».
Matériel : le couchage
Le cœur du bien-être en outdoor : dormir, vous conviendrez tous que c’est un art bushcraftien à maîtriser rapidement. Mal dormir c’est le début des problèmes (mauvaise humeur, réflexes lents, décisions foireuses). Or il vous faudra deux accessoires indispensables : une protection personnelle et une environnementale. Au niveau individuel, c’est un suppléant aux vêtements que l’on retire la nuit = le sac de couchage. Pour faire court, il doit être adapté à la saison (0° en hiver, -10 ou -20 en montagne ; 0-5° en automne ; 5-10° au printemps ; 10-15° en été). Si votre budget est comme le mien, aussi haut que le PNB du Pauvristan, tablez sur un duvet 0° à l’année et aux belles saisons soit on l’entrouvrira un peu, soit on sortira la jambe (dite technique de la belle-mère), soit on prendra une couverture à 3€ à Emmaüs pour soutenir un peu les gens qui en ont besoin.
Matériel : l’abri
Ensuite, une protection contre l’environnement, selon votre niveau de bad-assitude. Une tente pour les débutants, pas de honte les amis. Elle protégera du vent, de l’humidité et du froid (mais rien qu’un petit peu, ne rêvez pas, une tente c’est souvent +3° max…) et des bestioles. Surtout pour les couples, elle vous donnera un peu d’intimité pour les parties de cartes. Toutefois, si on veut essayer de sortir un peu de sa zone de confort plus tard, une bâche (tarp) sera une amie fidèle. Légère, adaptable, spacieuse. Mais… il faut bien maîtriser pour se protéger du vent, le froid et l’humidité passeront quand même donc le duvet devra vraiment être à 5 ou 10 degrés SOUS la pire température enregistrée à ce lieu pour cette saison (prévoyance).
L’astuce du jour, si vous voulez dormir en tarp + feu, parce que ça fait classe (c’est vrai)… je ne vous dirais qu’une chose : feu et duvet cher font pleurer votre banquière (il fallait une rime). Pour terminer la partie couchage, n’oublions pas que « deux couches en dessous valent mieux qu’une au dessus » donc l’isolation du sol sera une priorité. Le meilleur duvet Carintruc à -50°c ne fera pas son travail si vous êtes allongés sur de l’humus froid et humide. Je déconseille le matelas auto-gonflant dans le bushcraft, pour une raison logique qui est qu’on ne maîtrise pas souvent le sol où l’on dormira. Si on crève la première nuit, c’est fini le bivouac on devra rentrer le jour suivant. Alors qu’un tapis de sol, certes sûrement très chimique et pas bio-éco-responsable-durable… tient 15 ans et la mousse associée à une surface réfléchissante ne vous lâcheront jamais. Quant à savoir s’il faut mettre la partie argentée face-sol ou face-dormeur, pour avoir mon opinion il faudra me la demander autour du feu.
Matériel : sac à dos
Concernant la partie portage, encore une fois posez-vous la question avant d’acheter : je suis plutôt oie migrante ou castor sédentaire ? Pour du camp fixe, un sac résistant donc plus lourd (2kg ou plus) sera à privilégier, on ira dans les fourrés avec et dans les ronces, il dormira peut-être dehors. Pour de l’itinérance on visera quelque chose de plus léger (moins de 2kg) car on l’aura sur le dos souvent et longtemps. Il sera moins solide donc on évitera de sauter dans les fourrés à la première voiture de l’ONF que vous verrez. Dans tous les cas, savoir régler son sac à dos est vital pour passer du bon temps, sinon vous regarderez vos pieds et chaque kilomètre vous paraîtra une éternité.
N’oubliez pas à la fin de chaque bivouac en défaisant votre matériel pour l’astiquer, de faire 3 tas : tas de gauche = utilisé tous les jours ; tas du milieu = utilisé pendant la sortie ; tas de droite = pas utilisé. Au bout de 2 sorties les affaires ayant été les deux fois dans le tas de droite ne seront plus du voyage ! Ce qui aura été 2x dans le tas du milieu passera dans le tas de droite à la prochaine sortie pour une mise à l’épreuve. Faîtes ça à chaque sortie et vous comprendrez comment les anciens arrivent à voyager avec des sacs de moins de 10 kg. On ne dénude pas son confort, on diminue juste nos attentes citadines pour se rapprocher de la nature.
Au niveau conseil de professionnel, on ne répétera jamais assez de se méfier de la tentation du « toujours-plus-léger ». Je reçois régulièrement des stagiaires qui débarquent avec un sac 40L, très fiers de pouvoir dire que 40L leur suffisent largement… Mais quand on regarde de près, la moitié de leur matériel déborde du sac, pendouille, s’accroche à la végétation (donc s’abîme). Au final, leur paquetage est déséquilibré, tant de côté que d’avant-arrière et cela leur cause des douleurs passé 1h de portage. Autant je déconseille les sacs de +90L pour le bushcraft (fixe ou itinérant peu importe) qui sont sans-fond et peuvent donc contenir tout ce que vous y mettrez, quitte à finir à 30kg de chargement. Le sac idéal selon moi, toute saison et toute personne, oscille entre 60L et 80L. Moins c’est utopique surtout en hiver (mon manteau hiver remplit un sac de 40L à lui seul) ou sur plusieurs jours. Plus, c’est que votre matériel n’est pas optimisé ou que vous prenez trop d’affaires. Attention, je ne parle pas de sac d’évacuation, la survie n’est pas le bushcraft. Si certains ont besoin de se faire une idée, je dirais que le couchage fait 1/3, vêtements et accessoires 1/3, nourriture et eau 1/3.
Matériel : la pharmacie
Ensuite, pour se soigner il conviendra d’adapter selon vos besoins et vos peurs (c’est bien à ça que servent les médicaments dans la majorité des sorties : à se rassurer). Le minimum sera d’avoir des pansements et compresses, quelques gants, de quoi désinfecter mains-outils-blessures (le même pour tout), une pince à épiler pour les échardes, une pince à tiques. Le reste dépendra de vous, j’ajoute toujours perso une plaquette contre la diarrhée parce que je bois l’eau de la nature, plaquette contre la douleur (dolimachin, ibuprotruc), crème solaire et pommade anti-démangeaisons. Pour une liste plus précise, regardez les recommandations pour ACM de la DDCS(PP) de votre zone, très complète. Je n’entre pas dans le débat du garrot ou du pansement compressif etc… qui pour moi, à moins d’avoir une hache ou une tronçonneuse, ne concernent pas réellement le bushcraft. Je n’ai jamais entendu parler d’un trappeur qui est mort pour s’être coupé la main. Au pire on a tous une ceinture sur le pantalon qui ferait le job, s’il fallait.
Matériel : les accessoires
Enfin, cette partie matériel n’aurait pas été complète sans parler des accessoires indispensables (selon moi) pour passer un bon bivouac : un bon récipient inox qui aille au feu pour cuire, purifier l’eau et manger (quart US par exemple, gourde inox). Une poche à feu -toujours à la ceinture- avec 3-4 moyens divers pour allumer un feu (firesteel, briquet, allumettes, marteau à silex + silex), cela permet d’être serein et de varier les plaisirs selon le temps qu’on a et la météo. Un bon couteau de camp ne devra jamais quitter votre ceinture, dans la limite de la légalité dans votre pays. Pareil, pour savoir ce que je pense des couteaux de 40cm de long, me le demander au coin du feu. On pourra ensuite farfouiller un peu (casquette, lunettes, PQ, hygiène, carte, boussole…) mais tout dépendra de vous. Prendre carte et boussole quand on ne sait pas s’en servir, je ne vois pas l’utilité, par exemple. Il va de soi qu’il sera impératif si vous choisissez souvent le bushcraft itinérant, de vous former à la topographie. Là oui, avoir toujours sa carte dans la poche et la boussole autour du cou deviendra indispensable (comme tout bon scout qui se respecte, en explo, en raid…).
De façon générale, ne prenez pas du matériel dont vous ne savez pas vous servir, vous le porterez pour rien. C’est là qu’organiser des petites sorties à la journée, proche de chez vous pour apprendre à maîtriser votre matériel, sera vital. Ce qu’il y a de bien avec le matériel, c’est que c’est vous qui le portez donc libre à vous de prendre ce que vous voulez. On parle souvent des nanas qui prennent plein de produits d’hygiène… Tant qu’elles les portent, en quoi cela vous dérange ? Moi le premier, quand une compagne de marche me propose une lingette de bébé qui sent super bon pour faire une toilette de chat, je prends !
La sécurité
Il n’était pas possible d’aborder la question du bivouac sans parler de la sécurité de ses participants. C’est l’expérience qui fera la différence entre un bivouac heureux et un hélitreuillage d’urgence. Ne partez jamais dans un lieu qui vous est totalement inconnu. On peut en balade quitter un sentier pour aller voir un superbe truc qu’on a repéré à 2km… à condition d’avoir analysé une carte ou un GPS avant le bivouac pour comprendre la topographie du lieu. Tout comme il est indispensable de prévenir au moins 2 personnes (si une n’y pense pas) de votre itinéraire, temps de sortie, heure estimée de retour, intervalle de clic (envoi sms « je vais bien » ou clic balise gps). Ainsi en cas de sur-délais ou manquement de clic, elles pourront alerter les secours et les guider jusq’à vous. Voilà pourquoi il ne faut pas trop s’éloigner de sa route initiale, sauf à prévenir avant (appel, sms, balise gps). Maîtriser les gestes dangereux (couteau, ancrage du hamac) et éviter ceux qu’on ne connaît pas (sauts, course à flanc de montagne, jongler avec des hachettes…). Il peut être rassurant de ne pas partir seul, dans ce cas à 3 c’est bien (un blessé, un soignant, un coureur pour partir alerter), mais si c’est 2, ce sera 2 et on fera au mieux. Dans ce cas soyez malins, une tarp ou tente pour deux, un réchaud pour deux, on réduit son emport. En conclusion, respectez vos capacités physiques et mentales, sachez renoncer lorsqu’il le faut pour revenir mieux préparé la fois suivante et bien sûr… si vous pensez avoir besoin d’un accompagnement vers la nature, même s’il y aura toujours des sceptiques, on peut trouver de bons professeurs qui certes n’ont pas inventé l’eau chaude, mais pourront vous transmettre les bons gestes, les bons conseils et leurs bonnes astuces.
A bientôt dans la verte !
Un commentaire
Merci pour le partage.!