En anglais on le nomme « Every Day Carry », on pourrait le traduire intelligemment en français en disant « le fond de poches utile ». Beaucoup l’assimilent au milieu du survivalisme alors que c’est purement un concept du monde de la survie. Voyons pourquoi.
Définir la notion d’EDC
Ce que j’emporte tous les jours, c’est la définition la plus littérale. On peut l’analyser sous deux façons. Il y a ce dont vous pourriez avoir besoin si jamais vous étiez propulsé dans une situation dégradée (survie). Mais il y a aussi ce dont vous avez besoin au quotidien au regard de votre profession ou de vos activités.
Par exemple, je vais au travail en vélo tous les jours, avoir dans sa pochette une rustine, un tube de colle, un petit carré de papier à poncer avec une clé adaptée au moyeu de votre vélo (la tige centrale qui se dévisse), semble impératif. Ce n’est pas en plein milieu d’un chemin de campagne ou dans la forêt que vous trouverez de quoi réparer. Si on le fait tous les matins et tous les soirs, cela veut dire que chaque semaine on a potentiellement 10 risques de crever au milieu de rien. Il faut se prémunir, le mieux dans mon exemple étant bien sûr une pochette sous la selle qui ne quitte jamais le vélo, mais vous avez compris.
Si par exemple vous prenez le train pour vous rendre au travail, une heure aller, une heure retour, il serait malin de prévoir une batterie externe pour ne pas stresser toute la journée sur le pourcentage de votre batterie. Ne serait-ce que pour pouvoir prévenir votre famille en cas de panne, de retard, de blocage des voies, cela arrive souvent (pensée à nos lecteurs parisiens pour qui tout cela n’est plus qu’une variable de retard classique qui les font se lever 30 minutes plus tôt chaque jour).
On doit donc distinguer ce dont j’ai besoin, de ce dont je POURRAIS avoir besoin. Pour avoir un EDC optimal il faut conjuguer les deux, quitte à passer pour quelqu’un de bizarre. Le risque ? Que vos amis vous demandent pourquoi vous avez un couteau-suisse dans votre sac. Le vrai gain ? Si un jour il faut réparer un objet, ou démonter quelque chose, aider un inconnu, ou alors vraiment se sortir d’une situation ce sera aisé. Je pense à une clé multi-fonction pour ceux qui prennent le métro tous les jours : pouvoir ouvrir une porte de wagon pour sortir en cas d’accident de votre rame, c’est vital. Vous l’aurez compris, il vaut mieux se préparer au pire même si on espère le mieux, que de ne se préparer à rien et d’espérer que rien n’arrive.
Le contenant idéal ?
La meilleure réponse est que chacun trouve le contenant qui lui plaise, selon son envie ou son besoin. On est nombreux à aimer ce genre de pochettes tactiques qui s’accrochent facilement à l’extérieur des sacs à passants MOLLE (modular light equipement : système d’attache avec des bandes verticales et horizontales). Pourquoi pas, avoir 10 élastiques pour ranger 10 objets isolément est enviable, on voit tout de suite ce qu’il nous faut, on peut le prendre sans bouger tout le reste, on peut faire l’inventaire en un coup d’œil. Le seul hic, si je puis dire, c’est le look. On voit tout de suite que c’est du matériel militaire donc si vous travaillez dans une ONG pacifiste par exemple, vous aurez des remarques. Ou bien si vous peaufinez votre look « d’homme gris », qui est un concept de discrétion dans la dégaine pour ne pas attirer l’attention sur votre degré de préparation (pour éviter les vols, les jalousies, les agressions).
On parle aussi de « fond de poches » il serait alors logique de tout mettre dans ses poches ? Je pense par exemple aux ouvriers et autres travailleurs de chantier avec des pantalons cargo. Pour eux, glisser un cutter, 3 pansements, un gant, un briquet, un bout de ficelle, c’est un vrai fond de poche permanent. Pas forcément besoin de pochette. Les bricoleurs ont aussi des ceintures de manutention pleines de rangement et ils se contentent de partir avec au travail (quitte à la mettre dans un sac à dos dans les transports publics).
J’ai remarqué en général ceux qui prennent les transports publics (en costard ou en habit taché de chantier) ont toujours un sac à dos ou à main. Pourquoi faire compliqué ? Voilà un contenant tout désigné, soit en glissant un peu de tout à différents endroits, soit à tout regrouper dans une même poche ou dans le filet intérieur. On peut aussi avoir une pochette de rangement (tactique ou civile, pour les câbles etc…) qui contient tout et que l’on change de place selon qu’on prenne son sac ou pas.
Dans les années 80-90 on avait tous un sac banane autour de la taille pour ranger nos billes. Désormais dans les cités il semble qu’on s’en serve encore mais les billes sont devenues des boulettes d’autre chose. Toutefois, même là c’est l’aspect pratique de l’objet qui attire : on l’attache très rapidement, c’est collé sur le ventre donc difficile de nous piquer nos affaires, ouverture intégrale donc on peut plonger la main rapidement dedans en cas d’urgence, plutôt bien. Par contre c’est vrai que les clips des années 90 ont mis à mal la réputation du sac banane qui peut désormais être assimilé à un objet d’illuminé ou d’original (qui a dit boulet ?!). Il faut l’assumer si on le choisit.
J’entends d’ici la congrégation du girl power me reprocher de ne pas mentionner le sac à main. Et bien oui ! C’est un contenant d’EDC tout désigné, à condition qu’il soit plus grand que les sacs à main sans bandoulière que l’on peut prendre en soirée. Comprendre, il doit quand même être un peu grand pour avoir vos affaires classiques (portefeuille, mouchoirs, tampons…) et aussi le matériel de l’EDC proprement dit (nous verrons quoi, après). Ma compagne a tout intégré dans son sac à main, et je ne compte plus les fois où ses copines avaient besoin de quelque chose (ou de faire quelque chose) et elle l’a juste sorti de son sac genre « normal, tu n’as pas ça toi ? ». Le couteau pour ouvrir un courrier, un bout de tape pour réparer un sac cassé, un briquet pour arranger un fil décousu…
Le plus intéressant à commenter dans ce genre de situation n’est pas qu’elle puisse avoir pensé à prendre 3-4 objets au cas où, mais que ses copines la regardent souvent « pourquoi tu as ça dans ton sac ? ». Pourtant, être prêt est plutôt bien vu généralement (c’est la devise scoute par exemple et les non-scouts la mentionnent souvent). Tandis qu’être mal préparé sera toujours reproché si le besoin venait à s’en faire. De nos jours, en particulier, la société a un peu de mal avec ceux qui se préparent à un couac, mais on remet une médaille au bon samaritain qui sauve un motard accidenté grâce au garrot qu’il portait par hasard dans son sac à main ! Superbe transition vers la suite.
Est-on bizarre parce qu’on pense « au cas où » ?
Je ne le pense pas, rassurez-vous. Mais il est vrai que le point de vue sociétal est connu pour être dans le jugement permanent. C’est plutôt un réflexe instinctif (donc assimilable à la survie) qui poussent les gens à le faire : difficile de s’empêcher d’analyser les autres et de ramener leurs attitudes aux nôtres afin de tester notre propre normalité. Cela est une simple manière de voir où on se situe, soi-même, par rapport à notre image de la majorité acceptée, car on n’aime pas faire des vagues, sortir du lot. Cela est indéniablement issu de notre part animal. Celui qui ne fait pas comme les autres dans un troupeau, qui reste un peu sur le côté, aura moins à boire, moins à manger, sera isolé et non-protégé. La cible idéale pour les prédateurs, et en tant qu’espèce intelligente, on ne veut pas bêtement s’autolivrer aux prédateurs, donc on se fout dans la masse, qui est souvent mal préparée et peu consciente des dangers qui la guettent.
Après, soyez malins, ayez l’air mal préparés et étonnés des gens qui le sont si cela vous rassure ou rassure votre entourage, mais soyez-le en réalité. C’est un gros point commun entre la survie et le survivalisme. Afin d’éviter le jugement des autres, qui n’ayant pas conscience des potentiels dangers du quotidien, ne comprendraient pas de quoi vous voulez vous prémunir, beaucoup de survivalistes lambdas restent discrets sur leur préparation. Cela leur est pourtant dommageable car en n’en parlant pas autour d’eux ils ne participent pas à la préparation de leur voisinage. S’il devait vraiment arriver quelque chose, même une bête inondation d’une semaine, ses voisins ne pourraient pas lui venir en aide et c’est même lui qui devrait diviser le fruit de sa préparation pour leur porter secours (car oui, contrairement à une idée reçue, on survit bien mieux en groupe que tout seul et les survivalistes en ont bien conscience, raison pour laquelle ils montent des groupes / des clans plutôt que de rester égoïstement solo dans leur coin).
C’est la même logique en survie (vous ne confondez plus les deux, c’est bon ? Sinon allez faire un tour ici : Construire un abri de survie). Si tout le monde se cache et n’explique pas qu’il apprécie d’être prêt à tout, tout en espérant le meilleur, ce genre de bonnes méthodes de préparation ne se propageront jamais, dommage !
Le contenu minimum
Il y a quelques années on parlait beaucoup des 3C. Je constate depuis 1 ou 2 ans que beaucoup ont augmenté le tarif vers les 5C, pas forcément utile de s’encombrer, mais comme vous allez le voir, tout dépend de vous : besoins et envies. Qu’est-ce donc ? Les 3C désignent une liste de trois objets débutant par la lettre C, remplissant chacun une finalité vitale en situation de survie. Coupant, contenant, chauffant, c’est le triptyque de base.
Coupant : un couteau, une lame de cutter, un ciseau… peu importe, l’objet doit juste permettre de remplir la mission de couper de la ficelle ou des végétaux, pourquoi pas de la viande si on ambitionne de piéger un animal.
Contenant : on dépassera rarement 2 à 4 jours sans eau (la règle de 3 de Ron Hood fixe la moyenne à 3 jours sans eau). Il faut donc pouvoir embarquer de l’eau en restant en mouvement. Oubliez donc la gamelle en inox qui n’est pas hermétique. Dans un désert l’eau pourrait s’évaporer, dans un milieu accidenté vous renverseriez votre eau en 500 mètres. Non, le mieux est une gourde en inox. Pourquoi ? Gourde = fermée = préserve le liquide. Inox = va sur le feu, ne se déforme pas comme l’aluminium, ne rend pas malade au long terme (je vous renvoie aux recherches scientifiques sur la toxicité des particules d’aluminium qui se détachent des parois internes lors de la cuisson). Si avec votre gourde vous avez une petite pochette qui se clipse, ce serait le mieux. Ainsi au fond de la pochette on peut glisser une tablette de pastilles purifiantes, en l’absence de feu vous aurez ainsi de quoi préparer plusieurs litres d’eau et tenir plusieurs jours pour vous sortir de là.
Chauffant : ouvert à suggestions, mais l’idéal serait soit de bons vêtements en milieu froid (le feu « qui chauffe » ne se déplace pas avec soi), soit une capacité de produire une flamme pour démarrer un feu. Une allumette ne suffit pas bien sûr, il faut un objet qui fait 10 feux, 100 feux, 1000 feux, vous voyez l’idée. Clairement un briquet bic sécurisé avec un serre-câble pour éviter les fuites de gaz, pourquoi pas avec un peu de chambre à air autour pour servir d’allume-feu d’urgence si pluie ou grand froid. J’aime assez le firesteel pour ma part car je l’utilise depuis 15 ans et j’arrive à démarrer tout et n’importe quoi avec. Entre 2000 et 5000 allumages, cela bat tout briquet ou allumettes-du-dragon (avec de l’essence dedans, qui se dessèche après 3 semaines…).
Vous l’avez compris, les 3C permettent de bricoler un abri ou préparer à manger, sacrifier du matériel pour le découper et en faire autre chose ; se chauffer pour lutter contre le froid ou la pluie ; boire et transporter son eau pour ajouter de l’itinérance dans notre solution de sortie de survie. Que rajoute-t-on lorsqu’on parle des 5C ?
Couvrant : un objet qui permettra de créer non pas un abri proche du corps comme vos vêtements (si vous avez suivi les autres articles, il a trois niveaux de protection dans la nature : sur le corps, autour du corps et autour de nous) mais autour de vous. En version minimaliste, ce sera un poncho rip-stop à œillets, en version confort une tarp 2x3m ou 3x3m. En version famille, vu que l’EDC est individuel, si vous êtes sûrs d’être ensemble en cas de survenance d’une situation dégradée, cela peut être soit des tarps / ponchos individuels soit chacun prend un morceau d’une tente familiale (les enfants les barres, le père la chambre, la mère le toit de la tente…). Mais là, on sort largement du cadre de l’EDC, qui rappelons-le est emporté tous les jours au travail, à l’école… Si vous voulez un abri familial, rangez-le plutôt dans votre sac d’évacuation (Bug Out Bag = BOB).
Corde : oui, c’est le seul qui ne rime pas en -ant, dommage ! Sincèrement, je ne le trouve pas indispensable, même si avoir un bout de corde est toujours sympa (plutôt pour se rassurer que pour se sauver la vie). À moins d’être alpiniste, vous pourrez toujours vous passer d’un bout de corde. Voici un exemple où j’ai réalisé un abri sans outils, sans ficelle, juste avec ma tête afin d’illustrer le propos.
Par contre, si vous voulez vraiment avoir de la ficelle sur vous pour un coup dur, prévoyez de la vraie paracorde même si c’est 5 € les 20 m, car dedans elle contient sept brins très solides, utiles pour faire par exemple un cadre-grille en appentis comme structure d’abri d’urgence. 1 m de paracorde c’est 8 m de ficelle. Donc avec 20 m on se fait un abri pour 2-3 personnes, avec le feu devant, vous tiendrez plusieurs jours même dans une zone enneigée (à condition d’avoir de quoi bouillir de l’eau évidemment).
Certains à la place de la corde rajoutent un moyen de communiquer. Mais en 2021 désormais tout le monde possède son petit téléphone, c’est une évidence. Sinon il faudrait mentionner « prendre des chaussures, un pantalon… » et on se retrouve vite avec une liste de courses à la place d’un fond de poche. Par contre, si vous voulez ajouter une lampe (en retirant les piles pour éviter l’oxydation) ça me semble plus qu’utile pour ne pas se blesser en se déplaçant la nuit. Petite anecdote lorsque j’étais encore animateur, à Disneyland, bug du l’attraction, on attendait 30 minutes dans un tunnel mal éclairé, les gens commencent à paniquer. Hop, je sors ma lampe, je la mets sur un sac plastique de mon picnic du midi, ça a créé une belle lanterne et tous les gens se sont mis autour pour discuter et rassurer les enfants . Survie ? Non, mais bien appréciable.
Sachant que, important à rappeler, les 3C ou 5C sont une liste « extérieure » à vous, elle comble les besoins généraux du corps humain (boire, manger, dormir, se chauffer). Mais souvenez-vous, l’EDC doit remplir VOS besoins quotidiens à vous.
Personnaliser son EDC
Nous venons de le voir, remplir les conditions de base en situation de survie peut être un bon début pour faire son EDC. Toutefois, deux choses. La première, il ne faut pas partir du principe qu’un EDC ne sert QUE pour de la survie. Si vous êtes en plein Paris, vous ne serez jamais seul, perdu, en milieu isolé, sans réseau ou batterie. Donc on peut faire un compromis sur la ficelle, le poncho, le couteau… (surtout à Paris = police des transports). Deuxièmement, l’EDC remplira vos besoins à vous. C’est-à-dire que si vous êtes cuisinier par exemple et qu’il vous arrive souvent de vous couper (changez de métier ! Humour), avoir une boîte de pansements de cuisine (les blancs qui prennent tout le doigt pour bien couvrir la blessure et permettre de continuer de cuisiner = hygiène) semble intéressant. Ou si vous êtes hôtesse de l’air, avoir toujours un rouge à lèvres ou un parfum sur soi, pour toujours être présentable et coller aux prérequis de votre employeur (oui, il y a un dress-code pointu dans les métiers d’accueil-clients). Autre exemple, si vous êtes électricien, avoir un multitool (pince multifonction) à sa ceinture pour prévoir toutes les situations insolites (dévisser un truc, ouvrir un machin, réparer un bidule).
Par exemple, moi qui suis à mon compte, si je pars en vadrouille à la journée et que j’ai plein de RDV prévus à droite à gauche, je pars le matin forcément avec une batterie externe car je vais envoyer des emails toute la journée, utiliser le GPS, appeler, décaler un rendez-vous… impossible de ne plus être joignable ou mobile (GPS). Même si je pars en forêt, mon fond de poche inclura forcément de quoi injecter un 100% de batterie. Cela se rajoute bien sûr à mon firesteel, mon couteau de poche, ma ficelle, mon poncho… dans un sac à dos que je garde peu importe les circonstances (sauf aux toilettes, oui vous m’avez percé à jour, quoique en lieux publics il rentre avec moi dans la cabine). J’exporte même le concept à l’international, si je prends l’avion par exemple je garde tout sauf les interdits (juste le couteau surtout, mais je prends un coupe-ongles par exemple, si autorisé). J’ai fait passer un couteau suisse dans l’eurostar par exemple, cela n’a pas posé problème car en Angleterre les couteaux sans cran d’arrêt sont autorisés et en France également (tolérance). Mais pour l’anecdote, cela a fait stresser une vigile d’un centre commercial de luxe. J’ai bipé à la porte alors directement je vais la voir en lui montrant mon couteau-suisse (acheté il y a 20 ans en colo), elle n’était pas sereine et a appelé son manager. Au final c’était une étiquette de mon caleçon et le manager était tout sourire en me disant « the knife is fine » (le couteau ne pose pas problème).
C’est pour cela notamment que je râle sur les forums / groupes quand je vois untel solliciter l’avis des autres « il est bien mon EDC ? ». Ma foi, c’est comme demander « elle est belle ma femme ? » (oui chef ! Dédicace à RRRR). Comment voulez-vous que l’on vous réponde ? Si vous avez les 3C ou les 5C on vous dira « ça va, c’est correct ». Mais pour tout le reste on vous jugera sur une base individuelle puisque chacun voit midi à sa porte. L’électricien vous dira qu’il manque un tournevis non-conducteur, le bûcheron vous dira qu’il manque une scie pliante, le coiffeur vous dira qu’il manque une paire de ciseaux, etc. Faites-vous un peu confiance, regardez quels sont les objets sans lesquels vous n’êtes pas sereins, trouvez le contenant idéal, pesez le pour / contre du matériel esthétiquement connoté « militaire » (dit tactique). Mais finalement, sachez comprendre le concept d’EDC, ne mélangez plus avec le BOB (Bug Out Bag).
Confusions
Le BOB (sac d’évacuation) est un sac toujours prêt à partir, idéalement placer près de la porte d’entrée (dans le fameux placard incrusté qu’on a tous ou presque dans le couloir). Il contient de quoi voir venir si on doit partir 2-3 jours de son domicile (par exemple Mamie est décédée, je n’ai pas le temps ou pas la tête à faire une valise, je prends le sac et je pars dans la famille), une inondation ou un incendie, hop j’attrape le sac et je pars. La bise à Dadmax Sylvain, le nouveau responsable du développement des sponsors de la Skol Louarn, avec qui on débattait de l’évacuation forcée du domicile pendant un live Zoom. Dans sa vision de la chose, le plus petit sac est le mieux pour bouger vite et surtout… il se pose la question du besoin d’aller se cacher en forêt alors qu’en réalité si on fuit sa maison on irait surtout à l’hôtel, payé par l’assurance, sans besoin aucun de bâches ou de feu puisqu’avec tout le confort moderne. Nous avons donc débattu de cela pendant un bon quart d’heure hé hé ! Mon avis est assez général, étant donné qu’on ne sait jamais à quoi on se prépare exactement, inclure le minimum syndical de chaque station / domaine, me semble sage (un peu d’eau, un peu à manger, un peu de quoi faire le feu, un peu de quoi couper, un peu de quoi couvrir une zone de couchage). Tous les avis existent et personne n’a raison car, si vous avez bien suivi, le BOB est comme l’EDC… il est personnel ! Si Sylvain estime ne pas avoir besoin de X ou Y, c’est son choix, son droit et il le dit avec beaucoup de sagesse, s’il se plante il assumera et se passera du confort quelque temps. Au moins, il ne se sera pas encombré d’un gros sac lourd à porter, à emporter.
Je vois assez souvent des EDC sous forme de sac à dos, les gens publient (vous savez maintenant ce que j’en pense !) une photo « mode » prise du dessus avec le matos proprement disposé sur une table. Alors pourquoi pas, mais l’EDC est censé être petit, emportable facilement. Si vous avez de tout un sac à dos pour votre EDC, vous êtes tombés dans le « trop bien faire » et à mon avis vous avez beaucoup de superflu. Le principe de base est qu’on l’ait avec soi à chaque moment, hors un sac à dos n’est pas toujours discret (on ne peut pas le mettre dans un sac à main par exemple) c’est peu discret, on y a d’autres choses dedans, ça peut vite être lourd donc on va avoir tendance à le poser dans un coin, puis on part fumer à la pause, et on se retrouve hors de portée de son matériel.
Si vous êtes dans un métier où avoir un sac à dos ne gêne pas, pourquoi pas, mais souvenez-vous que ça doit tenir dans les poches à la base (le poncho pose question dans ce cas, mais le couvrant peut être remplacé par un abri naturel si on a pris 5 minutes pour regarder sur internet les quelques structures faciles à faire en solo).
EDC versus BOV : si vous voulez vraiment prendre une bâche, un poncho, et que vous ne prenez jamais les transports publics, décalez simplement le portage du matériel vers votre véhicule (BOV : Bug out Vehicle : le véhicule qui vous servirait à tailler la route en cas de soucis). Ainsi, vous simplifiez la charge et le volume de ce que vous devez avoir sur vous. Quand je pars à la journée, hormis une rando en forêt, je suis toujours proche de ma voiture, je ne vois pas quelle crise de zombie m’empêcherait de courir 500 m pour prendre un sac ou une pochette. Surtout que, en survie hormis le danger immédiat des 3 secondes à 3 minutes (inondation, incendie, avalanche, tornade…) rien ne nécessite d’agir dans la précipitation. Au contraire, prendre son temps, faire les choses bien, réfléchir avant d’agir, est la meilleure façon de rentrer vivant.
Il existe d’autres notions voisines (le sac pour partir sans revenir, le sac catastrophe naturel…). Souvenez-vous juste que vous êtes bien sûr libre d’adapter votre matériel d’une part, mais soyez conscient d’autre part que si les anciens ont pris le temps de définir des notions, des concepts, c’est aussi pour une bonne raison. Pensez aussi à votre famille, si vous pouvez prendre un sac à dos plein de bazar parce que vous suivez la doctrine des 20C, peut-être vos enfants ou votre conjoint-e n’ont pas ce luxe. Dans une famille, généraliser les produits de base (tous les mêmes couteaux, tous les mêmes briquets, tous…) permet d’interchanger certaines parties d’EDC sans perturber personne et finalement un kit marche avec n’importe qui au sein du foyer (plus simple en plus de tout acheter en gros).
Bien sûr, on n’oublie pas que chacun ajoutera sa petite partie perso. Pour une ado de 15 ans par exemple, des protections hygiéniques, pour un ado de 15 ans, une batterie externe pour sa console DS (oui, petit cliché au passage ha ha). L’interchangeabilité des EDC doit donc avoir des aménagements (1 poche générique + 1 poche solo qu’on attache ensemble, chacun a une poche solo à sa couleur pour ne pas se tromper) ou des limites (chacun sa poche, mais on peut prêter le matos générique à l’intérieur au cas par cas).
Dernier point, le tarif ! Vous voyez sûrement des influenceurs sur Instagram postez des photos de matériels chers, car qualitatifs, voir très spécialisés. Si on a le budget, autant avoir une Ferrari qu’une Twingo, certes. Mais il faut que ça soit du matériel fiable avant tout et qu’on n’a pas peur d’utiliser à l’entraînement pour le maîtriser au mieux si un jour on en avait besoin. Les 3C ou 5C, c’est 20-30 € max, pas besoin d’une pochette tactique-sniper-du-désert à 300 €. Si par contre vous voulez vous faire plaisir exprès, là je n’ai rien à y redire bien sûr.
Un exemple d’EDC semi-urbain
Je ne mentionne pas les évidences : le portable, les vêtements, les chaussures… Par contre, si vous voulez une liste pour comparer un peu votre EDC ou le démarrer, même si cela est individuel, on retrouve une base commune.
Le portefeuille, la montre, l’argent, les documents officiels (au moins un, par exemple la CNI), le téléphone, une lampe, un canif ou mieux un petit multitool mais léger et avec max 5 outils (tournevis, couteau, pince…), les clés de la maison, un moyen de paiement autre (cash, carte, chèque), les médicaments si vous avez un traitement longue durée, stylo, carnet papier, gourdinette (c’est une petite gourde), briquet ou firesteel (j’en ai monté un en porte-clé, pour le moment il est passé dans quatre aéroports), deux barres de céréales ou énergétiques. Le poncho, par concession, peut être remplacé par un grand sac-poubelle roulé proprement avec un élastique.
Si j’ai la voiture ou mon sac à dos pas loin, dans mes poches je ne prends qu’un petit couteau pliant, un briquet, le portefeuille, le téléphone et les clés maison ou voiture (jamais les deux). Il ne faut pas non plus devenir paranoïaque et toujours vivre collé à sa sacoche ou sac à dos comme un ado collé à son crush (amoureux-se). C’est aussi une bonne occasion de se remettre en question : si je devais passer une nuit en forêt sans mon EDC, que ferais-je ? Pourquoi pas aller tester pour voir les techniques qu’il vous reste à acquérir ? Vous seriez étonnés de la résilience et résistance du corps humain face à une situation hostile à l’intégrité physique (pluie, froid, inconfort, faim, soif, peur).
Sachez que de toute façon, pour conclure, si une situation de survie intervient un jour dans votre vie, ça sera à un moment où vous serez assis aux toilettes, le pantalon sur les chevilles, sans matériel, dans un coin perdu, sans vos amis, sans l’anticipation qui vous caractérise sûrement. La meilleure façon de se préparer à l’inattendu est d’une part de se préparer à tous les scénarios possibles (avec de la chance vous traiterez une situation qui sera celle qui vous arrivera) afin d’emmagasiner plus de savoir que de matériel ; et d’autre part de savoir lâcher prise quand on est impuissant pour nager dans le sens du courant plutôt que de lutter et être détruit en cours de route. Si elle doit arriver, la situation dégradée arrivera. Il faudra l’accepter rapidement, accepter que tout ne sera pas comme dans votre tête, pas comme à l’entraînement, pas comme dans les films. Du coup on se raccrochera à ce qu’on aura appris : les bases de la survie : protéger son corps, sécuriser les environs, se repérer, inventorier ce qu’on a en matériel, lister nos forces et nos faiblesses (SWOT), agir pour parer à l’urgent, anticiper pour parer au long terme et rester vivant !