Planter sa tente au milieu de nulle part, camper à la belle étoile, profiter de la nature qui nous entoure… Voyageurs nomades, alpinistes, randonneurs… De nombreux aventuriers pratiquent le camping sauvage en France. Mais que dit la réglementation française ? Peut-on installer son campement où bon nous semble ? J’ai mené l’enquête pour vous ! Entre législations, contraventions et lieux sympas, je vous dis tout ce qu’il faut savoir dans ce guide très complet.
Bivouac et camping sauvage, quelle différence ?
D’un point de vue réglementaire, le bivouac et le camping sauvage sont deux activités bien distinctes. C’est pour cette raison qu’il est important de connaître la différence entre ces deux pratiques.
- Le bivouac est un campement sommaire et provisoire composé soit d’un simple sac de couchage, soit d’une petite toile de tente. En d’autres termes, vous n’aménagez pas de lieu à proprement parler. Il est souvent associé au trekking, à l’alpinisme, à la randonnée, puisque ces activités requièrent de ne dormir qu’une seule nuit pour repartir dès le lendemain matin.
- Le camping sauvage, c’est plutôt un campement plus imposant dans un lieu qui n’est pas aménagé pour cette activité. Ce « camp » reste généralement plusieurs nuits au même endroit (fréquemment avec un véhicule motorisé).
La nuance entre ces deux termes est vraiment subtile, disons qu’elle se joue sur l’équipement et la durée. Cette différence est essentielle, puisque contrairement au camping sauvage, le bivouac est généralement autorisé dans la plupart des parcs nationaux français. Nous y reviendrons juste après.
Que dit la loi ?
Sauf décret, en France, la législation n’interdit pas le camping sauvage, il est simplement réglementé. Selon l’Article R111-32, du décret n° 2015-1783 du 18 décembre 2015, il est interdit de faire du camping sauvage :
- sur les rivages maritimes ;
- sur les sites et espaces naturels inscrits (ou en voie d’inscription) ou classés par le ministère de la Culture en raison de leur caractère historique, artistique, scientifique, légendaire ou pittoresque ;
- sur les routes et voies publiques ;
- dans un périmètre de 500 mètres autour des sites patrimoniaux remarquables (bois, forêt, réserves naturelles…) et des monuments historiques ;
- dans un rayon de 200 mètres autour des points d’eau captée à la consommation (zonage de protection AAC).
Ajoutez à cela les réglementations particulières des villes et des préfectures (Article R1111-34). En effet, la pratique du camping en dehors des terrains aménagés à cet effet, peut-être interdite dans certaines zones par un plan local d’urbanisme. Atteinte à la salubrité, à la sécurité, à la tranquillité publique, aux paysages naturels ou urbains, à la conservation des perspectives monumentales, à la conservation des milieux naturels, à l’exercice des activités agricoles et forestières ou encore arrêté du maire sont les principales raisons de cette interdiction. Toutefois, ces interdictions doivent être affichées au public en mairie ou par apposition de panneaux sur les zones concernées.
Comment ça se passe dans les parcs nationaux et régionaux naturels ?
Les réglementations des parcs régionaux
Mais alors, si la réglementation interdit de camper dans des espaces classés, on ne peut pas dormir dans les parcs nationaux ? Eh bien, cela dépend des parcs. Pour rappel, ces interdictions ne sont pas là pour vous ennuyer. Elles ont pour but de protéger l’environnement, la faune, la flore… Comme je vous le disais, chaque parc a ses autorisations et ses règlements. Certains interdisent les feux de camp pendant une période donnée, comme c’est le cas dans le parc naturel régional d’Armorique. D’autres autorisent le bivouac à certaines heures et sous certaines conditions (près des refuges, à 50 m des chemins balisés, à une heure de marche des sentiers…). Notez également que certains parcs interdisent tout camping ou bivouac comme le parc naturel régional des Marais du Cotentin et du Bessin. Plus au sud, ce sont les parcs nationaux de Port-Cros et des Calanques.
Pour le Lubéron, le Vercors et le Haut-Jura, le camping sauvage est interdit, mais le bivouac est autorisé, d’où l’importance de connaître la nuance entre ces deux termes.
Gare aux changements d’autorisation
Si dans certains parcs, on a effectivement le droit de faire du bivouac, selon les saisons, ces mesures peuvent être revues ou réadaptées. Avec l’affluence de nombreux vacanciers dans les parcs, c’est souvent le cas à la période estivale. Pour exemple : le parc naturel de la Chartreuse. Victime de son succès en août 2021, les autorités ont décidé d’y interdire le bivouac. La cause ? Une surfréquentation dangereuse pour la faune et la flore ainsi que des vacanciers irrespectueux de l’environnement.
Pour connaître en détail les réglementations des parcs nationaux et régionaux français, rendez-vous sur lecampingsauvage.fr
Camping sauvage, sous quelles conditions et quelles sanctions ?
Les règles à respecter
Quand on pratique le bivouac ou le camping sauvage, pour votre sécurité et celle de la nature, il y a certaines règles à respecter. Si beaucoup ne sont pas plus que du simple savoir-vivre, il est tout de même important de les notifier.
- Respecter les heures réglementaires des parcs.
- Avoir l’autorisation du propriétaire si c’est un terrain privé.
- Rester discret et privilégier une installation légère.
- Éviter les zones inondables, les grands espaces découverts, la proximité de grands arbres susceptibles d’attirer la foudre.
- Éviter les pentes et les contrebas rocheux.
- Ramasser ses détritus.
- Ne pas laisser de nourriture dehors la nuit afin d’éviter d’attirer les animaux.
- Limiter les nuisances sonores et lumineuses.
- Effacer toute trace de son passage.
Les sanctions encourues
Si vous campez dans un endroit interdit, vous vous exposez à une sanction prévue par le Code pénal et le Code de l’environnement allant de la 1re à la 5e classe selon la nature de la contravention. Vous encourez jusqu’à 1 500 € d’amende.
À noter que cette contravention peut être plus ou moins lourde si le camping sauvage est accompagné de dépôt de déchets, présence de chiens, accès aux sites de nidification, atteinte à la flore, barbecue, feu de camp, etc.
Bon à savoir : conformément à la loi n° 2018-957 du 7 novembre 2018, le maire d’une commune dotée d’aires ou de terrains d’accueil peut interdire le stationnement des résidences mobiles en dehors de ces zones d’accueils et faire procéder à leur évacuation.
Où faire du bivouac en France ?
Maintenant que vous connaissez les différentes législations et les règles à respecter, voici les plus beaux parcs de France où le bivouac est généralement autorisé.
- Le parc naturel régional du Vercors : paysages à couper le souffle, bouquetins, cerfs, tulipes sauvages, ici le bivouac est autorisé de 17 h à 9 h.
- Le parc national des Pyrénées : montagnes, lacs, cascades et forêts, les 6 vallées du parc offrent une grande diversité de panoramas. Le bivouac est autorisé à plus d’une heure de marche des limites du parc ou d’un accès routier entre 19 h et 9 h (camping sauvage, stationnement de camping-car et feux interdits).
- Le parc naturel régional des volcans d’Auvergne : Avec ses 80 volcans, il s’étend sur plus de 395 068 hectares, c’est le plus grand parc régional de toute la France métropolitaine. Le bivouac dans le cadre d’une randonnée est toléré de 20 h à 8 h hors pentes et sommets des volcans et les feux sont interdits.
- Le parc national du Mercantour : avec plus de 2000 espèces de plantes, ce parc détient le record national de la plus riche diversité de flore. Mais il compte également pas moins de 77 espèces de mammifères, dont le loup. Vous pouvez bivouaquer de 19 h à 9 h à plus d’une heure de marche des limites du parc ou d’un accès routier. Tout camping est interdit ainsi que les barbecues ou autres feux.
- Le parc national d’Armorique : ces côtes bretonnes figurent parmi les plus beaux paysages de France. Ici, la pratique du camping sauvage et du bivouac est très réglementée. Les sites interdits au camping sont situés en presqu’île de Crozon et dans les monts d’Arrée. Hors ces lieux et le bord de mer, vous pouvez camper avec l’accord du propriétaire. Les feux de camp sont interdits du 15 mars au 30 septembre.
N’oubliez pas de consulter les réglementations en vigueur avant de vous déplacer.
Quels sont les pays européens qui autorisent le camping sauvage ?
Envie de sortir des sentiers battus ? Parcourir l’Europe dans une liberté totale ? Voici les pays où vous pouvez partir bivouaquer en toute tranquillité.
- La Suède : vous avez le droit de camper n’importe où dans la nature, même sur des terrains privés, à condition de ne pas être à proximité d’un bâtiment. À noter aussi que les parcs nationaux et les réserves naturelles ont aussi des règles spécifiques.
- La Norvège : les règles sont similaires à la Suède, toutefois sur un terrain privé, vous devez garder une distance de 150 mètres avec l’habitation et demander une autorisation au-delà de deux nuits. Entre le 15 avril et le 15 septembre, les feux de camp à proximité ou dans les forêts sont interdits. Plus d’infos ici.
- La Finlande : ici encore, les lois sont semblables à la Suède et à la Norvège.
- L’Estonie : comme pour la plupart des pays nordiques, l’Estonie dispose d’une loi sur le « droit d’errer » qui autorise à camper librement dans la nature sauf dans les propriétés privées.
- L’Écosse : vous pouvez camper de partout où les droits d’accès s’appliquent, mais tenez-vous à l’écart des bâtiments, des routes ou des structures historiques. Attention néanmoins, des règlements interdisent le camping dans certaines régions comme le parc national de Loch Lomond et des Trossachs. Vous retrouverez plus d’infos ici.
- L’Espagne : Ici la plupart des règles sont locales et non nationales et ils ne rigolent pas avec les lois. En principe, le camping sauvage est toléré sur la côte atlantique, dans les zones rurales et loin des zones touristiques de la côte. Il est principalement interdit sur la côte méditerranéenne, dans les réserves naturelles, les parcs nationaux, sur les plages et les zones touristiques.
- Le Danemark : il est légal de faire du camping sauvage (max 2 nuits) dans plus de 1000 endroits. Cependant, ces lieux autorisés sont interdits aux véhicules.
- L’Islande : le camping sauvage est autorisé sauf dans les parcs et réserves naturelles.
- L’Albanie : le camping sauvage est approuvé, excepté dans les parcs nationaux, les réserves naturelles, près des bâtiments de l’État et les propriétés privées.
- Chypre : le camping sauvage est légal à part dans certaines zones protégées.
Bon à savoir : certains pays européens interdisent le camping sauvage, mais tolèrent le bivouac. C’est le cas pour la République tchèque, de l’Autriche et de la Pologne.
Devenir un bivouaqueur responsable, ça vous dit ?
Vous aimez la découverte, les activités extérieures, voyager… Protéger et limiter votre impact lors de vos aventures dans les espaces naturels, c’est ce que propose le Code de l’Aventure Responsable. En signant cette charte, vous vous engagez à être un voyageur attentif : respect de la nature et de la vie sauvage, gestion des déchets et de son empreinte carbone… Encore une fois, la majeure partie de ses règles relèvent du bon sens, mais en tant qu’amoureux de la nature, nous devons faire le maximum pour préserver notre belle planète.