Servie avec un bon bifteck, en compagnie d’un juteux poulet rôti ou encore auprès d’un délicieux burger, la frite sait accompagner de nombreux mets. Longue, fine, épaisse, molle ou croustillante, avec ou sans sauces, chacun à ses préférences, mais une chose est sûre, elle ravit les petits comme les grands. Pour preuve, ce chiffre vertigineux sur notre consommation mondiale : 11 millions de tonnes par an. Mais savez-vous que ce petit bâtonnet de pomme de terre vous cache bien des choses ? Fait divers, histoires insolites et guerre de paternité, après avoir lu ces 11 anecdotes surprenantes sur la frite, vous ne la regarderez plus de la même façon.
1 – Une pub avec un doigt d’honneur en frites devenue symbole contre le terrorisme à son insu
À la suite des attentats de Bruxelles du 22 mars 2016, une image de frites représentant un doigt d’honneur a largement été partagée sur les réseaux sociaux. Un cliché fort, adressé directement aux terroristes, devenu un symbole de solidarité en Belgique. Pourtant, le visuel n’a pas été imaginé pour l’occasion. En effet, la photo est issue d’une campagne publicitaire datant de 2008 imaginée par Burger King. Elle avait initialement pour but de promouvoir l’ouverture d’un nouveau restaurant à Dairy Flat en Nouvelle-Zélande.
2 – La frite est partie dans l’espace
Peu de mets culinaires peuvent se vanter d’avoir voyagé dans l’espace, la frite si ! Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce n’est pas la célèbre marque McCain qui est l’auteur de cet exploit, mais une radio belge. Mais pourquoi donc envoyer des bâtonnets de pomme de terre dans l’espace ? Tout simplement dans le but de redonner la frite à tous les Belges, 1 mois après les attentats de Bruxelles. On doit ce geste symbolique à David Antoine, un animateur pour Radio Contact. Fixé à un ballon de baudruche de dix mètres de diamètre, le 28 avril 2016, le cornet de frites accompagné d’une sauce 16/20 s’est envolé dans la stratosphère. Équipé d’une caméra, la Belgique a pu suivre en direct l’épopée incroyable de cette poignée de frites. Mais où est-il 7 ans après ? Non, il ne s’est pas désintégré dans l’espace, il coule des jours heureux dans le Frietmuseum de Bruges.
3 – Pourquoi on dit avoir la frite ?
Bah oui, c’est vrai ça, pourquoi dit-on avoir la frite ? En réalité, c’est un dérivé de : « avoir la patate ». Mais pourquoi dit-on avoir la patate ? À la fin du XIXe, le terme « patate » était synonyme de « coup de poing ». Il se disait donc de quelqu’un qui avait de la force, de la vigueur dans les coups qu’il assénait. On le retrouve d’ailleurs utilisé dans ce sens dans un fascicule datant de 1898 de Victor Robinet intitulé : « Cayagous antijuif ». Dans l’histoire, Gasparette, l’un des acolytes de Cayagous, prend un coup : « Et j’y ai foutu une patate à Gasparette qui ferme son plomb. ». Par la suite, l’expression désignera davantage l’aptitude à porter un coup décisif lors d’un combat. Ce n’est qu’au début des années 1980 que l’expression évoluera vers : « être en pleine forme », en rapport à la forme bien ronde de la pomme de terre, semblable à la tête d’une personne qui a bonne mine. Elle se développera ensuite naturellement vers « avoir la frite », puisque quelqu’un qui a la frite a forcément la patate.
4 – Une cliente d’un fast-food glisse sur une frite et réclame 50 000 euros
Non, non, ne clignez pas des yeux, vous avez bien lu et c’est d’ailleurs arrivé en France, dans la ville de Reims plus précisément. Le samedi 22 décembre 2007, vers 19 h 45, Nicole Borgnon entre dans un restaurant Quick et se blesse grièvement au genou au pas de la porte. La femme de 38 ans raconte que son pied gauche se serait bloqué dans le tapis situé à l’entrée du fast-food et qu’en même temps son pied droit aurait glissé sur une frite. S’il prête à sourire, ce grand écart, lui aura valu tout de même une quadruple fracture, une embolie pulmonaire à la suite de son opération et une invalidité à 80 %. Après sa mésaventure, Nicole entame alors des poursuites contre le fast-food. D’après Le Parisien, la plaignante aurait brandi l’objet du crime lors de l’audience. Mais le bout de pomme de terre avarié a laissé les juges sceptiques quant à sa réelle provenance. Après un procès rocambolesque, la justice a tranché : le restaurant n’est pas responsable. Selon l’avocat du Quick : « aucune preuve de la présence d’une frite n’a été relevée sur place » et les employés assurent que le sol était propre au moment de l’accident.
5 – Des frites jugées trop froides ont coûté la vie à un serveur
Direction New York dans un quartier de Brooklyn. Nous sommes le 1ᵉʳ août 2022, en début de soirée, une femme d’une quarantaine d’années entre dans un MacDonald et passe commande. Jusqu’ici, rien d’anormal, me direz-vous. Jusqu’au moment où la cliente s’en prend à un serveur, car elle trouve que ses frites sont trop froides. S’estimant ridiculisée par les employés du restaurant à la suite de l’altercation, elle décide de téléphoner à son fils pour lui faire part de son mécontentement. Ce dernier, âgé de 20 ans, fait alors irruption dans le fast-food et une dispute éclate. Les deux hommes sortent ensuite pour en découdre et c’est à ce moment que le fils de la cliente brandit une arme et tire sur le serveur. Grièvement blessée au cou, la victime de 23 ans décédera quelques heures plus tard de ses blessures. L’agresseur était déjà connu des services de police pour tentative de meurtre.
6 – Les frites rétrécissent à cause du réchauffement climatique
Décidément, après la moutarde, le réchauffement climatique s’attaque à nos frites ! En cause ? Le manque d’eau et des températures trop élevées. D’ailleurs, McCain, le géant du secteur, l’admet : « Avec des pommes de terre de plus petit calibre, les frites seront légèrement plus courtes. » Récoltées entre août et novembre, les patates françaises et belges sont moins grosses et présentent pour certaines variétés des chairs plus sèches. Le constat est bel et bien là, la bintje, variété la plus utilisée pour concocter de bonnes frites, a rétréci. Par conséquent, les frites feront dorénavant moins de 7 cm.
7 – Un plat composé de frite porte le nom de Poutine
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce plat n’est pas russe, mais québécois. Il fait son apparition en 1950 dans les « casse-croûtes » ruraux avant de devenir très populaire au Canada en 1990. Il est aujourd’hui devenu emblématique puisqu’il est même servi dans les McDonald’s et les Burger King locaux. Mais c’est quoi la poutine et d’où vient son nom ? Il se compose évidemment de frites, de fromage à grains et d’une sauce brune, généralement constituée de bouillon de bœuf et de poulet, de fécule de maïs, de beurre, d’ail et d’eau. Ça, c’est pour la recette traditionnelle, certains y ajoutent de la viande ou des saucisses, des poivrons, des piments, des oignons… Pour l’origine de son appellation, il y a plusieurs versions :
- Au Québec, on s’accorde à dire que le mot Poutine vient du mot « pouding » (dérivé de l’anglais « pudding »). Ce terme décrit un mélange collant composé de plusieurs ingrédients.
- Dans le pays, « poutine » est aussi un mot d’argot qui signifie le bazar, la pagaille.
- Le mot proviendrait du français « potin » (pâté) et de « poutitè » (ragoût de pomme de terre).
Il existe des dizaines d’autres explications qui se battent sur la provenance du nom. En fait, personne ne connaît réellement l’origine de son appellation, mais une chose est sûre, c’est qu’elle n’a aucun lien avec le président russe.
Autre info insolite : Suite aux récents événements qui ont bousculé le monde entier, certains restaurateurs ont décidé de changer le nom de ce plat typique. Le plus radical est celui de la chaîne Frite alors, qui a renommé sa poutine en « Volodymir », en hommage au président ukrainien.
8 – Un homme se fait frire des frites en rentrant de boîte de nuit et… s’endort
En septembre 2016, les sapeurs-pompiers de Boulogne-sur-Mer dans le Pas-de-Calais ont dû intervenir pour un début d’incendie chez un particulier. La raison ? Le locataire a décidé de faire frire des frites en rentrant de boîte de nuit. Il a donc mis sa friteuse en marche, s’est confortablement installé dans son canapé en attendant la fin de la cuisson et s’est… endormi. L’appareil a surchauffé et l’huile a commencé à s’enflammer. Heureusement, l’incendie a été évité et le noctambule s’en est sorti indemne.
9 – La frite à son musée
Oui, c’est le fameux musée où est exposé le célèbre cornet de frites qui est parti dans l’espace. C’est d’ailleurs le seul musée de frites dans le monde entier et il se trouve à Bruges. Le Frietmuseum présente l’histoire de la pomme de terre, de l’épopée du bâtonnet et de ses diverses sauces. Toutefois, pas de gaffe avec le personnel, le musée revendique le fait que la frite est bien née sur les terres belges. On ne rigole pas avec un emblème national !
10 – La portion de frite se vend au prix de 200 dollars dans ce restaurant
200 dollars la portion de frite cela équivaut à environ 170 euros, on est d’accord pour dire que ça fait cher pour des patates et de l’huile. Baptisée « Crème de la Crème », l’assiette a d’ailleurs remporté le titre de frites les plus chères au monde et est inscrite dans le Guinness Book records. Mais alors, qu’ont-elles de si spécial ? Vous allez vite le comprendre…
- Pour faire les frites : les pommes de terre sont d’abord blanchies dans du champagne Dom Pérignon (s’il vous plaît) et du vinaigre de campagne d’Ardennes J. LeBlanc. Elles sont ensuite cuites trois fois dans de la graisse d’oie pure élevée sans cage.
- Pour la sauce : elle est composée de beurre à la truffe, de crème bio produite par des vaches nourries à l’herbe et de fromage à raclette suisse truffée au gruyère.
Le tout est servi dans un service en cristal de Baccarat et saupoudré (encore) de copeaux de truffe, de pecorino de Crète à la truffe et de poussière d’or (comestible) 23 carats. Alors, ça vous fait envie ? Pour déguster ce plat qui visuellement n’est pas vraiment appétissant, rendez-vous au Serendiptiy 3 situé à New York.
11 – La frite serait bien née en France
Désolée, mes chers amis belges, mais selon plusieurs spécialistes, la frite serait bel et bien née sur le sol français. En tout cas, c’est ce que dit Pierre Leclercq, historien de l’alimentation et Belge par la même occasion. Toutefois, en Belgique, vous les cuisinez mieux que personne ! Allez, petite rétrospective sur l’histoire de la frite.
De fausses affirmations
Lors de recherches sur l’histoire des Pays-Bas autrichiens, Georges Joseph Gérard, un historien belge, tombe par hasard sur un manuscrit datant de 1781. Sur ces notes, on raconte que dans les années 1680, que les habitants de Namur et de la région faisaient frire des pommes de terre en forme de petits poissons. Jo Gérard a donc hâtivement conclu que la frite était belge. Cette affirmation a d’ailleurs été popularisée en 1984 dans la revue Belgia 2000 ou encore en 1985 dans un article du Pourquoi Pas. En voici un extrait :
« Les habitants de Namur, Andenne et Dinant ont l’usage de pêcher dans la Meuse du menu fretin et de le frire pour en améliorer leur ordinaire, surtout chez les pauvres gens. Mais lorsque le gel saisit les cours d’eau et que la pêche y devient hasardeuse, les habitants découpent des pommes de terre en forme de petits poissons et les passent à la friture comme ceux-ci. Il me revient que cette pratique remonte déjà à plus de cent années. »
Mais, cette théorie ne tient pas. En effet, le texte parle de tranches fines rissolées dans un tout petit peu de graisse. D’autre part, au XVIIIe siècle, la graisse était un luxe pour la population, elle était non seulement rare, mais très chère. Dans ce contexte, il est donc impensable qu’un paysan ait gaspillé de grandes quantités de graisse pour y faire frire des pommes de terre. Toutefois, cette histoire est ancrée dans la conscience collective, si bien qu’elle est le principal argument de la Belgique pour revendiquer la paternité de la frite.
L’histoire française
L’origine serait Parisienne. S’il manque toutefois de documents pour le confirmer, on sait de source sûre qu’au début du XIXe siècle, les vendeuses de friture vendaient des pommes frites dans les rues de Paris. Plus particulièrement dans le quartier de Pont-Neuf et boulevard du Temple. En effet, c’est là que se concentrent toutes les animations populaires de l’époque. Attention, on parle ici de pomme de terre coupée en rondelles et non de la frite que nous connaissons aujourd’hui. On retrouve également cette recette dans La Cuisinière Républicaine publiée en 1794 à Paris par madame Mérigot. Mais là encore, aucune trace de notre célèbre bâtonnet. Il faudra attendre les années 1840 pour qu’on la retrouve sous cette forme. Deux images en témoignent : l’une date de 1842, la seconde de 1845.
Bon à savoir : on pense que la frite a pris sa forme rectangulaire pour qu’elle soit plus pratique à manger qu’en rondelle.
La frite sous forme de bâtonnet n’apparaît qu’en 1844 en Belgique
Toujours selon Pierre Leclercq, ce serait un immigré bavarois du nom de Frédéric Krieger qui l’aurait ramené en Belgique en 1844 après avoir travaillé dans une rôtisserie de Montmartre. Il monte sa baraque à frites et se fait appeler par la suite « Monsieur Fritz, le roi de la pomme frite ». Alors que la mode de la frite commence à s’estomper en France, elle devient très populaire en Belgique et deviendra un met emblématique du pays.
Bon à savoir : La bataille de paternité entre la France et la Belgique serait une confusion entre culture et origine selon l’historien. Toutefois, même si ce ne sont pas les Namurois qui ont inventé la frite, les Belges sont bien à l’origine de sa double cuisson.
Vous reprendrez bien quelques infos croustillantes sur la frite ?
- Baudelaire et Victor Hugo adoraient les frites (à l’époque sous forme de rondelle).
- 350 kg de frites sont consommés chaque seconde dans le monde (sans compter les frites maison).
- 1 frite sur 3 consommée en Europe est une frite McCain.
- Les frites sont moins caloriques que les chips (pour 100 g, comptez 245 kcal pour l’une contre 504 pour l’autre).
- 60 % des Français pensent que la frite est d’origine française et 88 % pensent qu’elle est belge.
- 41 % des Français ont avoué avoir déjà volé une frite dans l’assiette du voisin.
- Un enfant américain sur deux considère la frite comme une sorte de viande.
- Une frite de 34 cm a été cuisinée à Béthune en 2009.
- Les Belges sont les plus gros consommateurs de frites surgelés.