Du dépaysement sans quitter la France ? Un parcours touristique mêlant à la fois nature, patrimoine et histoire ? Je vous emmène aujourd’hui à la découverte de la Vallée de la Bruche dans l’Alsace. À 20 minutes au nord de Strasbourg, cette vallée est riche d’un patrimoine matériel unique et d’un environnement naturel d’exception.
Territoire de moyenne montagne, la Bruche se trouve à la limite des Basses Vosges gréseuses au Nord et des Vosges cristallines au sud. Forestier et verdoyant, il associe une myriade de vallées et de vallons qui en font un paysage totalement saisissant.
C’est comme d’habitude ! Aventurier solitaire, je suis allé à la découverte de ce pays, résultat d’un métissage franco-allemand forcé, mais réussi. Au programme : randonnée pédestre, flânerie dans des villages fleuris, cuisine typique et savoureuse… La vallée de la Bruche réunie tous les ingrédients qui ont rendu mon séjour inoubliable dans ce territoire situé à l’extrême est de la France.
La Vallée de la Bruche : un condensé de patrimoine matériel et immatériel
La Vallée de la Bruche en Alsace doit son nom à une rivière coulant dans une vallée profonde et qui se jette dans l’Ill, non loin de Strasbourg. Elle possède une identité singulière renforcée par sa géologie atypique : d’un côté, un massif gréseux et de l’autre côté, un relief de granit entre lesquels la rivière dresse son lit.
Après avoir parcouru de long en large la vallée, j’ai notamment remarqué que plus des trois quarts de ses terres sont boisés, essentiellement par des conifères. Et dans cet environnement protégé, cohabitent grands tétras, chats sauvages et lynx, tandis que les troupeaux paissent au milieu du pâturage, sur les flancs de montagne.
La rivière éponyme prend sa source à la face ouest du Climont (un massif haut de 966 m). Les fouilles archéologiques menées dans la vallée de Bruche ont permis de remarquer que la présence humaine remonte au Néolithique. Une époque au cours de laquelle les Celtes et les Gallo-Romaines s’adonnaient à leur culte respectif. Des vestiges de ce passé lointain sont encore palpables, notamment un temple édifié dans un style à la fois rustique et antique, présentant des colonnes et un fronton triangulaire.
À partir de la source, la Bruche traverse la Clairière du Hang, un endroit symbolique dans l’histoire de la vallée. Au 18e siècle, il a accueilli la communauté mennonite — des paysans venus de la Suisse. Devenus anabaptistes au moment de la réforme du 16e siècle, ces protestants jugeaient qu’il fallait être plus âgé avant de choisir sa religion. Ils vont donc se réfugier dans la vallée, et au fil du temps, vont lui imprimer cette culture protestante qui y est toujours vivante.
En outre, la vallée de Bruche représente aussi un point de croisement des relations autrefois tendues entre la France et l’Allemagne. Entre 1871 et 1918, Saales, communes situées au sud de la Vallée, se trouvait à la juste limite entre les deux pays. Et un peu plus au nord, on voit toujours le fort de Mutzig bâti en 1893 par l’empereur Guillaume 1er pour anticiper des attaques françaises sur la plaine d’Alsace.
Informations pratiques
Comment se rendre dans la vallée de la Bruche ? Plusieurs moyens sont disponibles pour accéder facilement au cœur de cette merveille située à l’est de la France. En voiture, depuis Strasbourg, j’ai emprunté l’autoroute A35 puis l’autoroute A352 et pour finir la D1420.
Si vous quittez Paris, de nombreux TGV relient quotidiennement la ville à Strasbourg. Puis de là, vous suivrez la ligne TER Strasbourg–Saint-Dié-des-Vosges qui dessert la vallée de Bruche avec près d’une dizaine d’aller-retour par jour.
L’aéroport le plus proche de la vallée est celui de Strasbourg-Entzheim, connecté à la ligne TER Strasbourg-Saint-Dié-Des-Vosges.
Une fois dans la vallée, vous pouvez circuler à vélo ou en voiture, même si la randonnée pédestre reste l’une des solutions les plus adaptées pour une découverte complète. Pour vos divers besoins en matière d’orientation, je vous file deux adresses qui vont vous satisfaire à coup sûr :
- l’office de tourisme de la vallée de Bruche ;
- et l’office de tourisme d’Alsace.
Les visites à faire obligatoirement dans la Bruche
Au cœur de la Vallée se trouve un grand nombre de sites, de musées et d’activités qui ont agrémenté mon séjour. J’en ai visité plusieurs (pas tout) à travers des routes montagneuses où des ruisseaux et cascades se succèdent.
Dans cette vallée, 450 km de chemin balisés, que vous pourrez parcourir à vélo, à cheval ou à pied, vous attendent. Ils mènent dans l’intimité des parcs, dans le secret des monuments et à la découverte d’une riche communauté. Les vététistes peuvent longer la rivière éponyme grâce aux 40 km de véloroute à combiner aux trains de la ligne TER.
Les sites naturels
Parmi les sites naturels à visiter dans la Vallée de Bruche, je recommande :
La cascade de la Serva
La cascade de la Serva est un merveilleux site à visiter absolument durant votre séjour dans la vallée du Bruche. Le cours d’eau qui jaillit prend sa source dans les champs du feu à plus de 1 000 m d’altitude et se jette dans la Rothaine, non loin de la Haute-Goutte. Sur ce parcours de 500 mètres, j’ai dépassé de nombreuses autres chutes d’eau qui m’ont toutes tenu en extase par leur jet d’eau bruyant et spectaculaire.
À en croire la légende, la Demoiselle de La Serva, une fée, vivrait dans les eaux translucides du ruisseau. Elle serait souvent vêtue d’une robe argentée, arborant une chevelure verte et soyeuse semblable aux herbes qui tapissent le fond du ruisseau. Gardienne de la nature environnante, la fée se met en colère et fait souffler un vent violent sur les sommets vosgiens lorsque sa propriété (la nature) est menacée. Gare à ceux qui ne respectent donc pas la nature !
La cascade de Soultzbach
Surplombant Urmatt et logée dans un cirque rocheux, la cascade du Soultzbach enchante les yeux en même temps qu’elle apaise l’âme. D’abord, le sentier qui y mène serpente le long d’un ruisseau. Tout au long de ce dernier, je n’ai pu passer outre les clichés d’arbres remarquables qui peuplent entièrement la vallée.
D’après mon guide, les autorités ont tenu particulièrement à conserver ces hauts arbres afin d’éveiller et d’attirer l’attention des randonneurs sur leur singularité et leur beauté.
C’est cette allée bordée d’arbres qui mène à la cascade de Soultzbach au bout d’une balade de fraîcheur. J’ai notamment admiré ses roches qui s’élèvent en falaises, arrosées continuellement par le jet d’eau et couvertes d’une mousse épaisse. Vous pouvez y accéder à pied depuis le village d’Urmatt.
La cascade du Nideck
Ce site est sans doute l’un des plus remarquables sur mon parcours dans la vallée de Bruche. Située à 40 km de Strasbourg, à l’entrée de la vallée, la cascade offre des paysages originaux et de magnifiques points de vues pour des contemplations imprenables. Elle culmine à 534 mètres de hauteur et se jette dans une muraille de roche volcanique.
Une légende — celle des géants du Nideck — lui confère une ambiance rare, confortée par son paysage sauvage et boisé. Je l’ai visité en été et je peux vous assurer que la promenade a été rafraîchissante, mais aussi très ombragée. En période de froid, l’endroit revêt une ambiance romantique en raison du charme inouï des chutes d’eau prises dans la glace.
La Bruche à travers l’eau
Juchée sur le versant occidental du Climont à 690 m d’altitude, la Bruche est le ruisseau auquel la vallée doit son nom.
Timide au départ, il traverse la clairière du Hang, une large cuvette ensoleillée. Par secteur étroit, la vallée s’évase entre le massif gréseux du Donon et celui granitique du Champ du Feu.
Nourrie par plusieurs affluents, dont la Schirgoutte, la Climontaine et le Framont, la Bruche est un paradis pour les amateurs de pêche.
La forêt domaniale du Donon
Le massif gréseux du Donon possède également une forêt exceptionnelle. Dans la Vallée de la Bruche, vous devez absolument vous approcher de ce biotope terrestre qui abrite des espèces animales et végétales variées.
Situées sur des crêtes ou des versants, les forêts sont dédiées à la protection des oiseaux, dont le grand tétras, les pics, les gélinottes des bois, la pie-grièche, le faucon pèlerin, etc. La faune de cette futaie est également constituée de lynx, de chauves-souris, de chats sauvages, des amphibiens, des reptiles et des insectes.
Par ailleurs, la fougère taxicole, les plantes de tourbe, d’éboulis et de rochers constituent l’essentiel de sa flore. Une grande partie de la forêt est catégorisée Natura 2000, la distinction européenne qui classifie les zones pour leur préservation exceptionnelle.
La Porte de pierre à deux pas de Donon
Étrange et fascinant monument naturel, la Porte de pierre (Türgestell en alsacien) est un monolithe de grès rose taillé en plein cœur de la forêt du massif de Donon. Il est constitué de trois piliers supportant un linteau, offrant ainsi une double entrée de 5 mètres de hauteur et de 7 mètres de largeur.
Je me suis donné la peine de marcher un bon moment à la découverte de cette curiosité géologique située à 858 mètres d’altitude. Tout autour, je me suis ressourcé quelques instants dans ses ondes bénéfiques tout en savourant un inoubliable moment de contemplation. On y voit notamment deux grands menhirs (couchés) ainsi que des pierres cupules qui témoignent probablement d’une présence celte.
La Perheux
Espace naturel de prairie situé en hauteur, la Perheux est un magnifique endroit où l’histoire et la légende se rencontrent. Connu comme étant le lieu d’extermination des sorciers du Moyen Âge, c’est également l’endroit des fêtes révolutionnaires, notamment celle de 1790.
À mi-chemin entre les vallées de la Rothaine et de la Schirgoutte, elle donne un panorama saisissant sur les alentours du Ban de la Roche.
Waldersbach, Solbach, Wildersbach, Rothau, Belmont, Champ du Feu… 12 différents chemins conduisent au col de la Perheux, offrant de belles balades aux amoureux de la nature !
Les monuments historiques
L’attrait touristique irrésistible de la Vallée de Bruche réside également dans la multitude de patrimoines matériels palpables laissés par les hommes au fil du temps. Il s’agit notamment de grands sites de mémoires, de témoignages architecturaux, des édifices religieux, des reliques industrielles, etc. Allons sans plus tarder à la rencontre de ces patrimoines alliant les valeurs alsaciennes et vosgiennes.
Centre européen du résistant déporté (CERD)
Le Centre européen du résistant déporté (CERD), ou Mémorial Struthof, est l’un des témoins vivants des affres de la Seconde Guerre mondiale. Ouvert en 1941, il était destiné à fournir au Reich (régimes nazis d’Allemagne) la main-d’œuvre nécessaire pour le fonctionnement de son industrie. Au total, 52 000 déportés ont pris par ce camp, notamment les politiques, les juifs, les homosexuels, les Tziganes et surtout les Témoins de Jéhovah.
Ce site est ouvert au public et j’ai pu visiter les 4 barques, dont la prison et le four crématoire. On y trouve également un musée historique qui raconte de façon précise ce triste épisode de l’histoire de l’humanité. À 1,5 km plus bas se trouve la chambre à gaz où certains détenus étaient asphyxiés.
D’après Julien qui m’a servi de guide à travers les 2 000 m² (superficie du centre), le camp a été rénové en 2005 et depuis lors, porte le nom du Centre européen du résistant déporté. De passage, vous y découvrirez une exposition permanente consacrée au nazisme et à la résistance, des espaces d’exposition d’art et des salles pédagogiques.
L’ancienne filature à Lutzelhouse
Au 19e siècle, Lutzelhouse abrite un complexe industriel dont les vestiges sont encore fonctionnels aujourd’hui. Il s’agit notamment d’une filature de coton et de laine peignée, d’une scierie mécanique et d’un moulin.
Non loin de l’usine, se trouve la famille Scheider qui m’a permis de visiter leur château accessible par un magnifique perron.
L’ancienne synagogue
À Schirmeck, non loin de Lutzelhouse, se dresse encore l’œuvre des architectes David Falker et Émile Wolf, une synagogue édifiée en 1906. Cela témoigne de la présence d’une grande communauté juive dans la Vallée de la Bruche jusqu’au milieu du 20e siècle.
Entièrement rénové, l’édifice de plan centré est doté d’une entrée sur sa façade débouchant sur la rue. Sa grande fenêtre thermale sert de cadre aux tables de lois. Une visite guidée de cet endroit ne vous prendra qu’une trentaine de minutes. Cependant, vous aurez l’occasion de vous immerger dans la culture juive, sa propension en Europe et son déclin durant la Deuxième Guerre mondiale.
Chapelle Notre-Dame des Malades
Situé à la sortie nord de Ranrupt en direction de Colroy-la Roche, ce magnifique édifice religieux datant de 1861 est érigé sur une parcelle cédée par un paysan de l’ordre de la confrérie Notre-Dame des malades. L’attrait du monument réside dans son plafond fait entièrement d’écorce.
Sur les ruines de la bataille de Saint-Blaise-la-Roche
Le 14 août 1914 s’est déroulée la symbolique bataille de Saint-Blaise-la-Roche dans la Plaine.
Durant cet affrontement, un drapeau allemand du 132e régiment poméranien a été arraché par le 1er bataillon des chasseurs à pied, sous les ordres du commandant Tabouise.
Une plaque commémorative est implantée sur le front en souvenir aux Français morts pour la patrie entre 1914 et 1918.
Ce drapeau est le premier à avoir été enlevé aux Allemands durant la Première Guerre mondiale. Aujourd’hui, sa copie est en exposition au musée Saint-Cyr et l’original probablement entre les mains des Russes.
Les musées
La forte densité de musées dans la vallée de Bruche en dit long sur la forte valeur historique de ce milieu. Ceux que j’ai visités sont :
Le fort de Mutzig
Ce fort est une attraction architecturale, militaire et technique à nulle autre pareille. Situé en altitude à Dingsheim sur Bruche, il offre un panorama sur le début de la vallée et les cités environnantes.
En 1914, le Mutzig est incontestablement l’une des plus puissantes fortifications en Europe. Aujourd’hui, il représente un symbole de réconciliation et de paix entre l’Allemagne et la France. En effet, après l’annexion de l’Alsace et de la Moselle en 1871 par le Reich allemand, l’empereur Guillaume 1er avait décidé de construire la Feste Kaiser Wilhelm en 1893. Cela devrait lui servir de rempart contre d’éventuelles attaques en provenance de la France.
Au fil du temps, la Feste s’était élargie avec 22 tourelles cuirassées et répartie sur plus de 254 hectares et fut capable d’abriter une garnison de 7 000 hommes. Le « Nameinstein » qui marquait l’entrée du site pour l’armée allemande est reconstitué et reconverti en musée.
Le musée Jean-Frédéric Oberlin
Ce musée est un lieu d’expression qui reconstitue fidèlement, ou presque, l’une des icônes de l’Alsace du 18e siècle : Frédéric Oberlin. Il fut pasteur, botaniste, pédagogue, animateur rural et fervent défenseur des droits de l’homme.
De nombreuses œuvres qui lui ont appartenu sont exposées dans le musée. Mais à travers d’autres images et objets recueillis, vous allez à coup sûr ressentir et comprendre la complexité divine de ce pasteur de Waldersbach.
Le sentier thématique
Sur ce parcours de 5,3 km, ponctué de sites en rapport avec l’histoire contemporaine ainsi que celle de la Bruche et de l’Alsace, j’ai pu me plonger dans les évolutions qu’a connues cette population hétéroclite sur plus de 2 siècles. C’est sur ce parcours que le camp de Schirmeck lève son voile à travers des photos, des maquettes et des explications inédites.
Se restaurer dans la Vallée de la Bruche : les bonnes adresses
Durant votre séjour dans la Vallée de Bruche, vous ferez obligatoirement face au souci de restauration. Mais je peux vous garantir que vous ne manquerez pas de ravir vos papilles. La gastronomie alsacienne est très influencée par les codes culinaires franco-allemands. Je vous file rapidement l’adresse de quelques établissements parmi ceux que j’ai vraiment appréciés.
Restaurant la Belle Vue
36 rue principale, 67420 Saulxures
Situé dans le petit village de Saulxures, ce restaurant vous réserve des tables variées installées à la lisière de la forêt. J’ai raffolé de leurs mets contemporains et créatifs concoctés à partir des produits frais du terroir.
Restaurant auberge de la Charbonnière
Col de la Charbonnière, champ du Feu, 67130 Bellefosse
Au pied des pistes skiables en hiver, au champ du feu, cet établissement vous accueille dans un cadre chaleureux de verdure. Des spécialités montagnardes et locales y sont servies : fondues, raclettes, munster, tartes maison, etc.
Pizzeria le Castello
87 rue de l’Église, 67130 Schirmeck
Ce restaurant promeut toutes les spécialités italiennes : pâtes, pizza, salades, etc.
Café de la Promenade
275 rue du Premier BCP, Riespach, 67420 Plaines
Dans ce restaurant, vous trouverez essentiellement des spécialités alsaciennes comme les tartes flambées, la Choucroute, les Baeckeoffes, etc.
Se loger
Hôtel de charme, maison de vacances ou cabane dans les arbres ? Voici les établissements d’hébergement que je vous recommande dans la Vallée de la Bruche :
- Chambres d’hôtes Chalet des 3 pins : une maison atypique, lumineuse avec de larges baies vitrées ;
- Hôtel Mont Champ du Feu : juché sur le plateau de la Serva, à proximité des sites skiables, cet établissement vous fournit des chambres confortables.
- Hôtel Metzger : situé dans un village montagnard, cet établissement met à disposition des chambres confortables et élégantes qui seront à la hauteur de vos attentes.