On parle souvent de l’odeur du scout à la fin d’un camp (colo) ou du randonneur après une semaine de marche dans la nature. Est-ce mérité ou exagéré ? Toujours est-il qu’avec les bonnes astuces on peut rester propre et éloigner les petites blessures courantes pendant une itinérance, de type randonnée, trek, bushcraft ou bivouac.
L’hygiène ce n’est pas juste pour faire joli
Outre les blagues sur l’odeur, il y a un réel danger à manquer d’hygiène dans la nature. À savoir que l’absence de propreté peut amener à une détérioration de l’état de santé. Des champignons entre les doigts de pied (sexy), des frottements qui deviennent des irritations puis des brûlures, des cloques, des coupures… La liste ne manque pas. Sur ma deuxième rando, à mes 18 ans, j’étais avec une bonne copine, on se lavait ensemble mais en maillot de bain. Au bout du 4ᵉ jour j’ai vite compris que se laver habillé avait ses limites. J’avais des rougeurs sur l’aine, du fait de marcher tous les jours avec mon maillot humide le temps de sécher. Le 5ᵉ jour j’avais du mal à marcher, la friction du tissu du caleçon sur la blessure était insupportable.
L’autre point négatif au manque d’hygiène est qu’en restant un peu sale (style ermite) l’image que vous renvoyez aux gens rencontrés est négative. On vous confondra avec un marginal ou un vagabond. On ouvre difficilement sa porte à une personne qui fait peur à regarder (pour de l’eau ou l’autorisation de poser la tente). J’ai eu le courage de faire du stop pour rentrer du Lac de Guerlédan où j’avais bivouaqué une semaine. J’ai mis 2 h à trouver une voiture et pourtant j’avais essayé de m’arranger. Mais avec le pantalon sec mais boueux, des vêtements vert foncé type chasseur de zombie, la barbe, le bandana sur la tête… Je le savais alors je souriais à fond, mais à 100 km/h on ne le voit pas. Rassurez-vous j’ai finalement trouvé des gens sympas avec un 4×4 sièges en cuir, que mon allure ne dérangeait pas.
Rappelez-vous donc qu’au-delà de 2 jours de marche, il faut anticiper de quoi maintenir une bonne hygiène, sous peine de risquer une immobilisation temporaire ou à long terme.
Les pieds, élément fondamental de la motricité
Étant vraiment serviable, j’ai testé pour vous, voilà quelques années, une journée de marche sans faire mes lacets. Je n’avais pas pris le temps de les faire en sortant du car qui nous avait posé au bord du canal et puis ayant des pieds larges mes chaussures restaient bien sur mes pieds, alors à quoi bon. Le soir à 17 h, j’avais trois ampoules sur chaque pied et je n’ai même pas pu aider ma binôme à monter la tente tellement poser le pied m’était douloureux. Le lendemain à 10 h, je boitais vers le village à 2 km pour prendre un car et rentrer chez moi, honteux. J’ai compris ce jour là qu’on peut aller loin, mais pas sans ménager sa monture, en l’occurrence nos pieds. Il faut en prendre grand soin, comment ?
Le plus évident, c’est de les laver ! Tout le monde se dit que c’est logique, mais croyez-moi pour encadrer régulièrement des stages en forêt, peu y pensent vraiment. Chaque matin en se levant il faut débuter sa journée par se laver les pieds (pendant que le feu prend par exemple). Il faut du savon et de l’eau, mouiller, savonner, rincer et sécher. Mettre des chaussettes sur des pieds humides est le début des problèmes (mycoses, frottements, cloques).
L’autre point important est donc de les aérer. Voilà pourquoi mon meilleur conseil sera d’avoir des claquettes en randonnée. Cela ne pèse rien, se plaque sur l’arrière du sac entre deux sangles, et pourtant, que de bienfaits ! J’ai opté pour les croc’s personnellement, un peu plus fermées et elles me servent pour les expéditions mer/rivière. Le matin plutôt que de mettre les chaussures humides qu’on a un peu laissées traîner toute la nuit, hop claquettes ! Les pieds s’aèrent un peu car la nuit dans le duvet, ce n’est pas la folie. Si on fait du feu pour le petit-déjeuner on peut placer nos chaussures à côté (attention pas trop près) ou placer des pierres (pas proches d’une rivière) à chauffer puis les déposer dans la chaussure pour la sécher et la chauffer, ça fait toujours plaisir.
Pour la pause du midi pendant votre itinérance il y a débat. Si vous partez pour une semaine de marche, je le recommande fortement même si votre pause ne dure qu’une heure (le mieux étant au moins 1 h 30 de pause). Parce que, quand on y pense si vous marchez de 9 h à 18 h, puis vous allez vous coucher à 23 h, pour vous lever à 7 h. Vos pieds respirent à quel moment ? Beaucoup de marcheurs gardent les chaussures toute la journée, toute la soirée, puis au réveil on les remet. Le pied dormant dans un duvet chaud, ne respire toujours pas. C’est ainsi qu’on attrape des maladies de peau, voire dans certains treks extrêmes, le fameux « pied des tranchées ». Alors que, si de 7 h à 9 h vos pieds sont dans les claquettes, pareillement de 18 h à 23 h, 1 h sur la pause de midi. On passe d’à peine 1 h d’aération à presque 8 h par jour, avec cette astuce.
Je pourrais aussi vous conseiller de marcher pieds-nus mais cela ne s’improvise pas. En forêt pure, vous marcheriez sur un objet pointu sous 3 minutes, en camping c’est mieux car le terrain est aménagé mais il suffit d’un bout de verre en passant devant les sanitaires… Je marche régulièrement pieds-nus depuis mes 10 ans, j’ai 1 cm de corne sous chaque pied et j’ai quand même parfois un peu mal en marchant sur des graviers. La semaine passée même avec des croc’s je me suis coupé le pied en tirant mon canoë dans le golfe du Morbihan. Donc méfiance sur le « bare-foot », il faut être habitué (corne) et avoir constamment un 6ᵉ sens qui surveille inconsciemment le sol pour éviter les dangers. Un enfant qui se coupe le pied, ne marchera pas le lendemain, ou alors pas sans faire toute une histoire qui vous ferait passer de 15 km par jour à 8…
Concernant le soir, je conseille en plus de se mouiller, savonner, laver, sécher le pied, de mettre du talc dessus pour assécher la peau qui a passé sa journée dans la moiteur. Un petit pot de la taille d’une salière de restaurant fera la semaine. Quand je dis « savonner les pieds » il faut faire comme avec un lavage de mains chirurgical, passer vos doigts entre chaque doigt de pied et frotter gentiment mais fermement. Juste se toucher les pieds 10 secondes ne suffit pas, il faut au moins 2-3 minutes par pied. Je rajoute à cela que vos ongles de pieds doivent être coupés avant le départ car les ongles longs apportent toujours leur lot de problème en rando.
Pour prendre soin de ses pieds, changez de chaussette chaque jour ou lavez les vôtres chaque soir et faites-les bien sécher avant le matin pour les remettre sans crainte. Les chaussures aussi doivent sécher dans la nuit. Quand je marche le long d’un GR et que je vois des campeurs avec les chaussures négligemment posées dans l’herbe humide pour la nuit, j’ai presque envie de les lancer dans leur tente. Alors oui, si la tente est mal ventilée, la transpiration des chaussures amènera de la condensation sur les parois, et une odeur de mort. Dans ce cas-là posez au moins vos chaussures dans l’abside de la tente, sur un tissu imperméable pour éviter que la rosée du matin ne les cueille. Au passage, arrêtez de dire ab-side [abeusideuh] comme si le mot était français, on dit side-car [saïde-careuh] et c’est le même mot (côté). En hamac si vous dormez au-dessus d’un sol forestier, plantez deux piquets au sol et retournez vos chaussures dessus. On évite le splash-effect et l’humidité du sol, ainsi que les bestioles (qui ne s’est jamais réveillé avec une limace dans la chaussure n’a pas vécu !).
On me demande souvent s’il est conseillé de dormir en chaussettes pour ne pas avoir froid en hiver. Je réponds non, j’ai choisi mon camp. Si vos pieds ne respirent pas un minimum la nuit, alors qu’en journée vous avez gardé vos chaussures de 8 h à 18 h, bonjour l’odeur, la peau moite, les champignons… Surtout qu’en hiver on sort les grosses chaussettes bien chaudes, les chaussures imperméables qui, n’en déplaise aux fabricants, ne sont pas si respirantes que cela. Si vous avez froid aux pieds la nuit, hiver comme été, il faut mettre un bonnet. Je vous laisse réfléchir au pourquoi du comment. Laissez vos pieds respirer, ils vous remercieront plus tard.
Enfin, puisqu’on parle des pieds, parlons des cloques. Elles se forment lorsqu’un frottement se produit, au niveau de la chaussette ou de la chaussure, cela dépend. Voilà pourquoi avoir des chaussettes sèches améliore l’hygiène des pieds. Il n’est pas bête de vouloir changer de chaussettes à la pause du midi, surtout si vous pouvez laver celles du matin et les coincer sur le sac à dos, le vélo ou le canoë, le soleil de l’après-midi les séchera d’ici le soir. Je conseille d’avoir toujours 3 paires sur une itinérance. Une sur soi, une sale, une propre.
On me demande parfois s’il faut crever les cloques ou les laisser ainsi. Il y a deux écoles médicales à ce sujet. La première dit qu’il ne faut toucher à rien et que le frottement va finir par éclater naturellement la cloque. La deuxième dit qu’il faut l’éclater nous-même à condition de pouvoir la nettoyer et la protéger. Je préfère la deuxième car lorsqu’on perce une cloque, qu’on la désinfecte et qu’on la couvre avec un pansement (ou un pansement deuxième peau), on contrôle et on sécurise sa disparition et surtout le plus tôt elle aura crevé, le plus tôt elle commencera à guérir. Alors qu’attendre… nous place dans l’incertitude et la douleur persiste. Certes on a mal quand on la perce, mais avec un bon pansement et 15 minutes de marche la douleur finit par passer.
Le mieux avec les cloques, étant bien sûr de les anticiper. On peut hydrater ses pieds le matin avant de partir, avec une pommade ou du beurre de karité, de monoï, de l’onguent fait maison à base d’huile, de cire d’abeille, de plantain, d’huile de lavande… Hydrater le pied limite les frottements. Changer tous les jours de chaussettes pour réduire le risque de frottement, ne pas trop marcher avec des chaussettes humides, avoir des chaussures adaptées à la saison (été = pas la peine de sortir la maxi-godasse super-imperméable d’1,5 kg chaque). Si vous sentez un début de frottement dans la chaussure, arrêtez-tout et mettez un pansement dessus, cela empêchera la formation d’une cloque. Certaines chaussettes de randonnée, un peu chères certes, jouent ce rôle avec un talon en genre de « soie » qui fait glisser la chaussure en cas de frottement. Mais 30 € la paire, ça calme.
Les mains, artisans de nos envies.
On se blesse peu les mains en randonnée c’est vrai. Sur du trek ou du bushcraft on les sollicite bien plus. Que ce soit sur un GR costaud type Corse avec des passages verticaux où il faut un peu grimper, on pose les mains, on les frotte, on les coupe. En bushcraft on s’en sert à chaque minute, une coupure ou un coup dessus, arrive vite, une corde qui ripe dessus, aie !
Il faut donc éviter les comportements à risque ou les répétitions de gestes. Exemple, si vous marchez avec un bâton de marche ou que, comme c’est en ce moment la mode chez les +50 ans, vous optez pour la marche nordique à double bâtons. Passé deux heures de marche, la friction du bâton sur votre main (entre le pouce et l’index) peut créer une cloque ou une brûlure (peau rouge qui s’enlève). Voilà pourquoi avoir des petits gants types VTT (aérés mais solides) est un plus pour de la marche longue durée.
Mais si vous vous blessez malgré tout, il faut désinfecter sans plus attendre, c’est aussi ça la bonne hygiène, et couvrir la blessure pour éviter que des corps étrangers n’y pénètrent. Le soir, une fois au calme, aérez la blessure pour qu’elle forme une croûte plus rapidement, début de la guérison. Et surtout, cessez le comportement responsable de la blessure.
Une écharde arrive plus vite qu’on ne pense, cela peut vite devenir obsédant et briser votre bonne humeur et votre envie d’aventure. Il suffit d’une pince à épiler et d’une aiguille à coudre (utile aussi si vous cassez la boussole). Si vous prenez un peu de fil avec votre aiguille vous doublez son usage. De plus, pour percer une ampoule, dans le temps les médecins mettaient du fil sur une aiguille, ainsi par capillarité elle se vidait en coulant le long du fil. Malin !
Je pense également au vélo, après mon tour de Bretagne en vélo j’ai compris ma douleur, les paumes constamment en appui sur les poignées, deviennent noires, puis rouges, puis bleues après une semaine. Avoir des gants rembourrés aux paumes est indispensable selon moi, pour éviter une douleur assez pénible. Pour l’Irlande j’ai investi dans des gants rouges de VTT à 40 €, un des meilleurs achats de ma vie, aucune douleur et beaucoup de style !
Quand je parlais de varier les positions, je pense notamment à ceux qui randonnent avec un sac lourd (malgré un bon positionnement du sac). On place assez vite les pouces dans les sangles adhoc histoire de caler ses mains un peu lourdes passé quelques heures de marche. Et puis en tirant doucement on relève le sac qui penche parfois en arrière dans les montées… Mais après 15 minutes le sang ne circule plus, les doigts sont blancs, le pouce est rouge… Je recommande comme petite astuce pour caler les mains de les passer par devant dans la sangle pectorale, ça occupe 15 minutes avant de les mettre ailleurs. Le mieux étant de ne pas partir avec un sac trop lourd, ou d’apprendre à le régler pour qu’il ne fasse pas mal. La bonne santé passe aussi par une bonne information.
L’aine, pour ne pas dire l’entrejambe
C’est une partie dont nous sommes tous pourvus et il faut dire que peu s’en occupent comme elle le mériterait. Parlons donc de nos entrejambes un instant.
Il y a deux parties qui attirent mon attention. Tout d’abord l’aine en elle-même, ce qu’on appelle le pli de l’aine (là où le slip touche la peau) ; mais aussi l’entrecuisse où les deux cuisses se touchent.
Concernant le pli de l’aine, c’est une partie vraiment sensible du corps. Voilà pourquoi en temps normal on conseille de changer quotidiennement de sous-vêtements. On y coupe pas dans la randonnée également, surtout parce qu’on transpire en marchant et donc le sous-vêtement aspire cette humidité et cela augmente la friction sur la peau. On peut rapidement (fin du 2ème jour) se blesser par-là-dedans et rendre douloureuse la marche. J’ai eu des récits de certains, obligés de mettre au papier toilette dans le slip pour mettre un terme aux frottements, d’autres ont découpé une serviette hygiénique pour bricoler une barrière. Dur dur une fois qu’on est blessé là, de faire autre chose que le repos et l’arrêt de la marche. Marcher sans sous-vêtement est une idée mais du coup ce sont les coutures du pantalon ou du short qui frotteront dessus, surtout chez les dames où cet endroit est cousu serré.
Voilà pourquoi je recommande de se laver nu le plus possible, quitte à tendre une bâche ou à mettre un paréo (très léger) pour pouvoir se laver dessous en toute intimité en passant la main. À Tahiti les dames qui se lavent dans les rivières rentrent en paréo dedans, le laissent flotter sur l’eau et se frotte comme il faut puis se rhabille avec avant de sortir de l’eau. C’est toute une technique mais on prend vite le pli. En cas de brûlures légères à ces endroits on peut mettre un peu de crème hydratante, en expédition je mets de la crème solaire à défaut de mieux, ça hydrate la peau et calme le feu. Difficile d’aller chez le médecin pour lui montrer cette partie là, c’est vrai. Mais si cela persiste plus de deux jours, il faut aller consulter car des champignons peuvent rapidement prendre possession des lieux et après vous en aurez pour 3 mois de poudre pour vous en débarrasser.
Pour lutter contre ces frottements, certains marcheurs, hommes comme femmes, optent pour des boxers. Pourquoi pas, on limite la pression sur le pli de l’aine c’est vrai. Toutefois on la reporte alors sur l’entrejambe, le deuxième endroit dont je voulais traiter. Cela arrive moins chez les dames car elles sont peu nombreuses à porter des boxers et leurs pantalons sont plus serrés à l’entrejambe, pour une raison évidente. Mais chez certaines et chez beaucoup d’hommes, le pantalon est un peu lâche à ce niveau. Associé à un caleçon large ou un boxer, en 3-4 h de marche on peut commencer à ressentir une petite douleur. Avec la sueur la peau va vraiment devenir rosée et la friction de plus en plus pénible. Si bien que le lendemain matin quand vous remettrez le pantalon, après 3 pas vous aurez l’intérieur de la cuisse en feu. Comme avec les ampoules cela s’anticipe. À force d’expériences vous saurez quel type de sous-vêtements éviter pour la rando été, ou hiver. Je mettais souvent des boxers au début, un peu synthétique-élastique, mauvaise idée car ils remontent avec le mouvement répété de la cuisse, puis forment un bourrelet qui frotte l’autre cuisse et c’est le début des problèmes. Des caleçons en coton ne sont pas recommandés non plus, même s’ils sont doux, car le coton absorbe la transpiration et un sous-vêtement mouillé augmente le risque de friction. Ayant bien réfléchi à l’époque car cela me faisait assez mal, j’ai trouvé deux solutions. La première est le sous-vêtement sportif un peu élastique mais en matière toute lisse et très douce, qui ne frotte pas tant il glisse. Il faut parfois le remettre en place sur les cuisses mais c’est mieux que de souffrir. La deuxième est de prendre des caleçons de grand-père, pas forcément lâche mais longs, assez pour tomber plus bas que l’entrejambe du pantalon. Du coup les deux bas du caleçon ne se frottent plus entre eux et plus de douleur. Avant de partir dans les Pyrénées pour 12 jours, j’ai trouvé chez Décathlon un petit stick (comme un déo à roulette) anti-friction, à base de corps gras. Les jours où ça chauffait un peu, ou quand j’allais marcher en plein cagnard je frottais mes intérieurs de cuisses avec et ça coulissait tout seul. Pour un gadget à 5 €, il serait bête de s’en passer si on sait qu’on a souvent des frictions-là
Pour ceux qui ont malgré tout des frictions, trempez un linge dans une rivière froide le soir et posez-le sur chaque cuisse cela fait un bien fou. De la crème hydratante le matin et le soir pour nourrir la peau et essayer de réduire la mécanique de friction. Et à la fin de la randonnée, changer de sous-vêtements et de pantalon (l’un, ou l’autre, ou les deux) pour éviter que cela se reproduise. Dernière astuce, pour la randonnée à pied j’avais acheté un pantashort (mixe entre un short cycliste moulant et un bermuda) à 20 €. Je l’utilisais comme sous-vêtement à même la peau, le bas tombait sur mes genoux donc plus aucune friction sur les cuisses, qui coulissaient agréablement bien. Avec un short par-dessus ça donnait un air de footballeur hivernal. Cela m’a bien aidé pendant 2 ans en attendant que je trouve l’astuce des caleçons de grand-père.
Le corps en général
On appartient tous à une société moderne, où on se lave relativement souvent, tous les jours, tous les deux jours, voire une fois par semaine, ne jugeons pas. Mais quand on transpire chaque jour il faut faire attention, surtout en cas de geste répété comme avec la marche. On a vu les pieds, l’aine, mais il y a aussi les aisselles qui peuvent être irritées sans hygiène. Le frottement de la couture du T-shirt (toujours à l’intérieur malheureusement) peut faire assez mal, et quand on porte un sac à dos, qu’on bouge souvent les bras, cela peut devenir douloureux. Voilà pourquoi en résumé, même si vous ne prenez que 5 minutes pour l’hygiène chaque jour, frottez toutes les zones poilues, ou sombres ou humides. Cela décrit bien les trois parties du corps décrites plus tôt. C’est là que les problèmes apparaîtront en premier (les tiques aussi, blague à part, on vérifie ces endroits chaque soir, quitte à demander au collègue de z’yeuter vite fait).
Le reste c’est surtout une question d’esthétique, se balader avec du noir dans le cou n’est pas top si on rencontre du monde. Avoir les mains sales ou les ongles pleins de noir, renvoie une image de négligence, même si vous êtes plutôt soigneux habituellement. Sans oublier que, après une semaine de voyage, c’est réconfortant de prendre une heure pour s’occuper de son corps. Ceux qui veulent se raser ou s’épiler un endroit au calme, soigner ses bobos, changer les pansements… c’est la récompense du soir car cela veut dire qu’on a bien marché dans la journée. Avec l’amie dont je parlais plus haut, le soir on se massait les épaules pendant que l’autre lisait un passage d’un livre d’aventure, puis on tournait. Si besoin on se mettait de la crème hydratante là où le soleil nous avait tapé, pendant que le feu cuisait la nourriture. Aucune perte de temps, par contre au petit matin vous sentez la différence (muscles détendus, peau nourrie).
Pour laver le corps, je recommande en nature d’éviter les produits chimiques habituels. Les eaux naturelles ne peuvent être interceptées et traitées avant de repartir. C’est le moment de tester le savon dur, type savon de Marseille ou savon d’Alep. Pour éviter qu’il ne touche le sol ou les bactéries sur les écorces d’arbres, notre astuce ultime est de le placer dans un collant avec un nœud tout en haut (où on entre le pied). Ainsi on peut l’attacher à une branche et utiliser l’élasticité du collant pour amener le savon partout et le lâcher aussitôt pour frotter avec ses deux mains, sans jamais se demander où le poser. Pareil pour le shampoing, la tête penchée en avant on ne sait jamais où poser le savon. Là on peut juste le lâcher et il pendouillera devant vous. En plus, le collant fera mousser davantage et c’est plus simple pour se laver quand il y a de la mousse. Certaines marques vendent du savon liquide eco-friendly (Intersport, Décathlon, GoSport). J’en ai toujours un peu dans un tube de sauce « sodebo » car ils font la douche, la vaisselle et la lessive. Le savon dur aussi, me direz-vous. Le savon d’Alep permet aussi, mais le goût est à faire peur, de se laver les dents avec.
Si après un shampoing au savon vous constatez que votre peau accroche un peu à la serviette ou que vos cheveux sont plus rêches, c’est normal bienvenu dans le lavage qui frotte et qui se sent, ambiance 20ᵉ siècle. Papi n’a jamais eu besoin du nouveau Axe pour séduire mamie. Donc tant qu’à faire, prenez le temps de choisir un savon qui vous fait envie, une odeur familière est toujours une motivation pour se laver le soir quand on a mal partout.
Pour se sécher, oubliez la serviette de la maison, grosse et lourde, qui met 3 h à sécher et qui prend 2 litres dans le sac à dos. Optez pour une serviette en micro-fibres à 5-10 €, qui tient dans le creux de la main une fois roulée. Elles sèchent en 20 minutes au soleil avec un peu de vent, pèsent 150 gr. Sinon, pour ceux qui sont plus « indigènes », un paréo c’est léger aussi, ça mouille très vite attention donc si vous séchez vos cheveux il sera trempé pour votre corps. Mais ça peut faire le job. Surtout qu’un paréo peut servir de vêtement pendant que le linge sèche, de bandana, de filtre à eau… Le top c’est un paréo avec une carte de votre région ou pays, quand vous voyagez loin cela sert pour sociabiliser avec des voyageurs étrangers (je viens de là regardez…).
Les dents, pour croquer la vie !
La seule chose qu’il faut retenir, c’est que si vous êtes en pleine nature se laver les dents peut devenir compliqué. On n’a pas d’eau courante, donc ceux qui n’utilisent jamais de gobelet vont galérer. Et puis… on crache où quand on a fini ? Le dentifrice moderne contient du fluor et autres joyeusetés qui promettent de briller comme une carrosserie de Ferrari. Mais cracher cela par terre peut, sur un groupe de 10 randonneurs, polluer la zone (modification du PH de l’eau, du sol) et visuellement c’est horrible de voir des traînées blanches tout autour d’un lieu de campement usité (bord de GR…). Le mieux est donc de prendre du dentifrice sans trop d’ajouts chimiques, et de tous cracher dans un petit trou qu’on rebouche après, loin de la rivière pour éviter de la polluer. On limite déjà un peu l’impact humain sur la nature. Je parlais plus haut du savon d’Alep, j’ai un ami qui se lavait souvent les dents avec en rando. J’ai essayé une fois, c’est vrai que c’est horrible en bouche, mais on s’habitue paraît-il. Et surtout, le savon étant 100 % naturel, on risque moins d’abîmer la nature.
Sachant qu’en rando, si pour une semaine on ne se lave qu’une fois les dents par jour on n’en mourra pas. La mauvaise haleine et autre, quand on a une bonne alimentation, n’est pas si terrible que cela. On peut aussi mâcher des plantes pour avoir bonne haleine et rafraîchir la bouche. On peut aussi se laver les dents à l’eau, c’est surtout le frottement qui nettoie les dents, le dentifrice ajoute des vertus protectrices et nettoyantes mais pour quelques jours on peut s’en passer. Chacun trouvera sa petite astuce. Certains découpent une paille pour faire des petites capsules de dentifrice à usage unique pour gagner en poids, pourquoi pas, par exemple.
On me demande souvent s’il est vrai qu’on peut se laver les dents avec de la cendre. Alors oui et non, pour répondre clairement. Oui c’est une pratique qui existe, mais à condition de ne pas le faire tous les jours car cela irrite pas mal la gencive (la cendre frotte, c’est aussi bien que mal). Et il faut bien comprendre que cela se fait à la cendre, pas avec du charbon pilé. De la cendre c’est bien la poudre blanche qui reste dans le feu après une combustion totale du bois. Il faut la filtrer pour enlever tous les petits grains, ce sont eux qui peuvent vous irriter la gencive. On fabrique ensuite une pâte avec de l’eau, certains ajoutent de l’huile naturelle (lavande par exemple) ou de la résine de pin pour son côté anti-sceptique (et un peu pour le goût). Une fois tous les 2 ou 3 jours cela ira, avec le doigt pas avec un bâton. Sachant qu’en randonnée on mange moins de cochonneries et de sucre, se laver les dents est un peu moins préoccupant.
La lessive, parlons-en ?
Au niveau des vêtements, je recommandais plutôt trois paires de chaussettes (certains MUL diront deux ou une seule, mais il faut assumer derrière !). Au niveau du haut je conseille au moins 2 T-shirt (un sur-soi et un dans le sac, propre si possible) ainsi que deux bas (un short et un pantalon). L’idée est d’avoir toujours une tenue propre pour se changer le soir si on est tombé dans la boue ou qu’on a marché 3 h sous la pluie. Sans parler d’un T-shirt de pyjama qui ne servira qu’à cet usage, c’est le côté doudou et apaisant, par exemple en laine de mérinos (chaleur, respiration et anti-odeur).
Anecdote, pendant ma descente en canoë sur la Dordogne (12 jours). J’ai perdu mon short en sauvant des Anglais tombés à l’eau alors que je mangeais sur la berge après la lessive, attendant qu’il sèche sur le canoë. Leur canoë retourné par les rapides, dérive et heurte doucement le mien tandis que je nageais pour les sortir de l’eau. On les remet à l’eau et ils repartent choqués mais heureux, tinkiou babye. Je reprends le repas… 30 minutes plus tard, mon caleçon était bien sec, mais le short introuvable : emporté par le choc et la rivière. J’ai fini l’expédition en short de bain orange fluo pendant 4 jours… Quand on veut voyager léger, on doit assumer derrière ! Le stop a été comique pour remonter en Bretagne…
Donc toujours une tenue sur soi, une dans le sac et de préférence on la nettoie et sèche avant de la ranger, car si on ne le fait pas sur le moment quand on est debout et chaud, on ne la fera pas au petit matin dans le froid, la tête dans l’oreiller. Comme pour le corps, je conseille d’avoir un savon ou un savon liquide, qui fasse multi-usage. Lessive, vaisselle, dents et douche. Ainsi on rentabilise bien l’emport de ce gros carré qui peut prendre un peu de place.
N’oublions pas les dames
Cet article ne serait pas complet sans rappeler aux lectrices de redoubler de vigilance, si vos règles vous font l’honneur d’une visite pendant une rando, un trek ou une session bushcraft. On insiste moins sur les détails à la maison car on fait naturellement les bons gestes et on a nos petites habitudes. Mais dans la nature il faut être au maximum dans la prévention.
On ne se lave pas systématiquement les mains à la maison pour changer de tampon, parce qu’on n’a pas creusé la terre à mains-nues ou porté du bois pendant 30 minutes pour faire le feu. Dans la nature si. Donc se laver les mains avant et après chaque manipulation intime est vital pour éviter une infection. De plus, il faut oublier le lavage en maillot de bain avec les amis dans la rivière. Il faut pouvoir se mettre nue et se nettoyer convenablement pour éviter les bactéries. De préférence dans une eau avec du courant pour qu’elle soit propre. Certaines lectrices se sont peut-être tournées vers la très Sainte Cup pour cette période du mois. Rappelons qu’en l’absence d’eau courante en nature (sauf rivière bien sûr) il faut redoubler de vigilance pour la nettoyer et la désinfecter avec ce qu’on peut, avant de la replacer. Les mycoses ou une infection urinaire vous feront certainement arrêter le voyage donc soyez attentives. Bien qu’elle coûte 15 €, en avoir 2 permet de changer une fois de cup sans devoir la nettoyer (parfois on manque de temps ou les conditions ne sont pas optimales). Le soir venu on pourra laver celle du sac, la placer puis nettoyer l’autre et la ranger pour plus tard. Si vous êtes du genre « faire bouillir » plutôt que gel désinfectant, prévoyez un petit quart en inox pour cette tâche (afin d’éviter de devoir utiliser votre quart alimentaire). C’est toute une gestion mais avec un peu de pratique on s’en sort. L’important est de se sentir bien car si l’hygiène devient gênante ou prend trop de temps, on sera mal à l’aise ou on ne le fera pas correctement.
Astuces hygiène
Vous en avez marre de vous laver le matin dans une rivière à 7 degrés ? Sachez que vous n’êtes pas seul-e ! Voilà pourquoi je vous recommande d’acheter une petite bassine pliante (10-15 €) en caoutchouc. Faites bouillir 1 L d’eau puis versez dedans avec de l’eau de rivière. Vous obtiendrez 2-3 L d’eau tiède bien agréables pour se laver en douceur. Pendant que vous vous lavez, remettez 1 L d’eau à bouillir. Quand vous êtes mouillé et savonné videz la bassine sur vos cheveux puis refaites le plein avec 1 L d’eau bouillante et de l’eau froide pour finir de rincer au cas par cas, votre corps. Qui a dit qu’il fallait souffrir pour se rapprocher de la nature ? On peut aussi attendre 16 h que l’eau de la rivière, sur une bordure sans courant avec des rochers, ait chauffé au delà de 12° pour se laver. Ou bien se laver pile après l’effort quand on est chaud et que notre corps réclame de la fraîcheur. Piquer une tête est alors un régal (sauf en hiver, optez alors pour la bassine). Si en bordure de rivière vous tombez sur une berge de gravier, creusez un trou à côté de la rivière et laissez-le se remplir comme pour un puits romain (pour filtrer de l’eau). Mettez ensuite des pierres chaudes d’un feu dedans (attention à ne pas prendre de pierres trop proches de la rivière) et attendez que ça se réchauffe. Au bout d’un moment l’eau arrêtera de monter, si vous avez creusé la taille d’une baignoire vous savez ce qu’il vous reste à faire.
Dans certains pays (Japon, Islande…) il existe naturellement des sources d’eau chaude, le top pour se laver mais c’est vraiment très chaud attention. Dans tous les cas si vous n’osez pas vous mettre dans une rivière pour vous laver, un gant de toilette et un peu d’eau tiède vous permettront au moins de vous laver l’aine, les aisselles et les pieds, nom de code « toilette de chat ».
Certains, par flegme ou par manque de temps, optent pour des lingettes nettoyantes style bébé, ça sent bon et c’est pratique c’est vrai, mais après il faut encore savoir comment les jeter convenablement. Certainement pas par terre comme certains avec le papier-toilette. Elles vont dans le sac ou dans une poubelle si vous en croisez une.
On peut aussi prévoir une bouteille d’eau, 3-4 trous dans le bouchon, on la laisse chauffer au soleil 2-3 h ou on y met de l’eau tiède chauffée par nos soins, puis on la suspend sur une branche et on se douche dessous. C’est un peu le principe de la douche solaire mais sans le poids. Avec une ficelle attachée à une branche haute puis à la bouteille puis au sol, vous pouvez incliner la bouteille avec votre pied pour rincer puis la relever quand vous frottez. Malin ? Avoir un bouchon non-percé permet d’utiliser la bouteille en journée pour stocker son eau normalement (ou faire le plein pour la consommation du soir, avant de monter le camp).
Niveau propreté, j’ai une amie qui ne jure que par le nettoyage par fumigation en bivouac. Apparemment se mettre au-dessus du feu et se frotter dans la fumée enlèverait la crasse et les mauvaises odeurs. Je n’ai jamais testé, je sens assez le feu comme ça (dans la barbe ça reste longtemps malgré le bain). Mais il ne faut négliger aucune piste. Voilà, vous en savez un rayon maintenant sur l’hygiène dans la nature, vous n’aurez plus d’excuse pour sentir le bouc désormais.
À bientôt dans la verte !
Un commentaire
Super Aticle merci beaucoup !
Par contre abside est bien un mot français